Néanmoins, permettez-moi tout d’abord de saluer les nombreuses dispositions encourageant le développement du sport-santé en France. Notre pays comprend et reconnaît enfin que la pratique d’activités sportives contribue au bien-être et à la santé. Là aussi, il était grand temps !
Si les intentions du Gouvernement sont louables, force est toutefois de reconnaître que, comme d’habitude, les moyens alloués pour atteindre cet objectif de démocratie sportive sont incertains.
Ainsi, l’élargissement des conditions pour accéder au sport sur ordonnance suppose, comme le soulignait déjà l’Association des maires de France l’année dernière, que les collectivités puissent disposer d’outils leur permettant de développer une offre d’équipements de sport-santé. Or aucun véritable accompagnement sérieux n’est prévu pour la mise en œuvre du dispositif dans les territoires.
La démocratisation du sport en France, selon ce texte, doit passer par de nouvelles contraintes. Sur qui celles-ci pèseront-elles principalement, mes chers collègues ? Sur les collectivités territoriales, au moment où elles sont exsangues !
Comment parler démocratisation du sport en France sans parler des principes de notre République ? Source de bien-être et de lien social, outil d’éducation et de dépassement de soi, support d’événements locaux, nationaux et internationaux, le sport constitue un fait social complet, qui ouvre sur une pluralité de questions sensibles de la société française. La laïcité, l’intégration et le vivre-ensemble comptent parmi les plus importantes d’entre elles.
C’est précisément dans cet esprit que notre collègue Stéphane Piednoir a déposé en première lecture un amendement tendant à interdire le port du voile dans les compétitions sportives nationales, amendement, je le rappelle, cosigné par plus de soixante-dix sénateurs de notre groupe et adopté en séance publique.
Nous avons tenté de réécrire cette disposition en commission mixte paritaire. Finalement, après un âpre débat interne montrant que la question était bien centrale et sensible, le Gouvernement et les députés La République en Marche ont décidé de renoncer.
Ce renoncement symbolise le grand écart entre le discours des Mureaux du mois d’octobre 2020, où le Président de la République dénonçait la radicalisation, semblant vouloir s’attaquer au séparatisme islamiste, d’une part, et les actes, d’autre part.
Pour se défendre de tout laxisme, le Gouvernement et sa majorité nous renvoient au contrat d’engagement républicain, dont nous savons tous ici qu’il ne s’agit que d’un crocodile empaillé.