Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du 22 février 2022 à 15h15
Bilan de la politique éducative française — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Jean-Michel Blanquer :

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je souhaite d’abord vous remercier toutes et tous d’avoir organisé ce débat. Je suis extrêmement heureux de disposer de cette tribune, non seulement pour répondre point par point au véritable réquisitoire du sénateur Brisson, mais aussi pour faire le bilan, devant la représentation nationale, de ce qui a été fait depuis cinq ans.

Il est très important, en effet, de dresser un tel bilan, et de dégager des perspectives, d’autant que nous entrons dans une campagne présidentielle où, je n’en doute pas, des propositions seront formulées.

Je vous remercie d’avoir rappelé que nous arrivons au terme de cinq ans d’action en continu, ce qui est un record dans l’histoire de la République. Il y a encore cinq ans, lorsqu’on évoquait le ministère de l’éducation nationale, on parlait toujours d’instabilité et de difficultés à conduire des politiques continues. Cette fois, pendant cinq ans, des politiques publiques, que j’assume parfaitement et dans les détails desquelles je vais entrer devant vous, ont été menées à bien.

Que n’entendait-on pas auparavant ! On disait que c’était impossible, et que tous ceux qui y parvenaient étaient dans la concession vis-à-vis des organisations syndicales ou de tous les groupes de pression. Vous considérez apparemment, monsieur le sénateur, que je n’ai pas suffisamment été soumis à cette pression…

L’important, aujourd’hui, est de voir que des sillons ont été creusés. Vous le savez parfaitement, monsieur le sénateur : en matière éducative, il faut savoir semer des graines. Je ne prétends pas que nous sommes à l’heure des moissons ; je prétends que nous sommes au moins à l’heure des bourgeons.

Et ces bourgeons sont là, devant nous : ils sont réels. Je suis toujours surpris quand, dans le débat public, on évoque les classements internationaux. Vous ne l’avez pas fait aujourd’hui, mais vous l’avez fait récemment dans la réplique d’une question au Gouvernement, sachant que je ne pouvais pas vous répliquer à mon tour. Pourtant, le dernier classement international date de 2018. Il émane du PISA et concerne des élèves de quinze ans.

Oui, quand je suis arrivé, la situation n’était pas bonne ; oui, le lycée était à bout de souffle. Et cela faisait 20 ans qu’on parlait de la réforme nécessaire du baccalauréat. Oui, quand je suis arrivé, le niveau de mathématiques était très faible, et il n’y avait qu’une faible proportion d’élèves issus de la filière S dans les filières scientifiques, puisque seuls 50 % des élèves de terminale S faisaient ensuite des études supérieures scientifiques. Les travaux sur la dernière rentrée nous montrent que cette proportion a dépassé 80 % aujourd’hui. Évitons donc de proférer de manière hasardeuse des informations inexactes !

Quand je suis arrivé, c’était le règne du « pas de vagues ! ». À chaque fois qu’il y avait des atteintes à la laïcité, des violences, du harcèlement, on n’en parlait pas. L’une des premières choses que j’ai dites était qu’il fallait, au contraire, signaler – et que, quand il y avait des signalements, il fallait réagir. Nous avons donc accompli une révolution copernicienne sur ce sujet.

Quand je suis arrivé, la rémunération des enseignants n’était pas à la hauteur. Certes, il reste encore beaucoup à faire, j’y reviendrai, mais nous avons procédé à des augmentations.

Il ne s’agit pas de dire que rien n’avait été fait avant nous, bien entendu. Je pense notamment à la politique d’éducation prioritaire, qui a franchi des étapes importantes depuis les années 1980, ou à la politique de l’école inclusive, qui a commencé avec Jacques Chirac, et à laquelle nous avons fait faire un nouveau pas très important. Je ne ferai pas, pour ma part, une sorte de procès manichéen à tous ceux qui m’ont précédé.

Mais il est certain que la situation était difficile et que les changements à faire étaient nombreux. Les priorités ont été indiquées d’emblée : la réforme de l’école primaire, d’abord, puis l’évolution de l’enseignement professionnel, enfin, la réforme du lycée général et technologique. Autant de totems auxquels personne ne s’était attaqué comme cette majorité l’a fait.

1 commentaire :

Le 29/04/2022 à 13:40, aristide a dit :

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"Quand je suis arrivé, la rémunération des enseignants n’était pas à la hauteur. Certes, il reste encore beaucoup à faire, j’y reviendrai, mais nous avons procédé à des augmentations."

Il faut aligner le nombre de jours de vacances des fonctionnaires et autres sur celui des professeurs... Cela me paraît en accord avec le mot "égalité", qui figure en bonne place dans notre devise nationale... et que les professeurs doivent d'ailleurs enseigner.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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