Voilà un instant, on reprochait au Gouvernement d’être trop vertical ; vous nous reprochez à présent d’avoir laissé trop de liberté sur les rythmes scolaires. En réalité, nous avons une position de pragmatisme après deux mandats où le ministère a rencontré de grandes limites pour agir en la matière.
En l’occurrence je n’observe pas de remarques d’insatisfaction qui remontent du terrain. Nous avons laissé la semaine de cinq jours là où les acteurs considéraient qu’elle était pertinente. Vous savez très bien la situation que nous avons trouvée en 2017 : un sentiment souvent de frustration dans des communes, souvent rurales, où l’on considérait la semaine de cinq jours forcée comme complètement inadaptée.
La semaine de cinq jours peut être une bonne solution ; il faut rester très humble sur le sujet des rythmes scolaires, très complexe et sans réelle universalité, dans la mesure où chaque situation est particulière.
Néanmoins, votre question conserve toute son importance, car on doit sans arrêt nourrir la réflexion sur ce point.
Je vais vous faire part d’une considération qui a animé notre action et qui pourrait continuer de le faire. Elle fait d’ailleurs écho à la question précédente.
Il n’y a pas que le temps scolaire, il y a aussi les temps périscolaire et extrascolaire. Or on peut apprendre autrement. Certains disent qu’il faut apprendre autrement à l’école et c’est possible, mais on peut aussi apprendre autrement en dehors de l’école. Les vacances sont donc fondamentales non seulement pour s’épanouir, bien sûr, mais aussi parce qu’elles sont une occasion d’apprendre.
En réalité, les inégalités se creusent beaucoup du fait des grandes vacances. Est-ce que la solution doit consister à réduire les grandes vacances ? Je n’en suis pas certain. En revanche, il faut que ces vacances en soient réellement pour tous les enfants, a fortiori les plus pauvres, et que pendant cette période ils puissent apprendre autrement, y compris les sciences, par exemple. C’est ce que nous avons cherché à faire à travers le dispositif Vacances apprenantes. Il y a là un champ encore plus fertile – je le crois – que de revenir à une nouvelle réforme des rythmes scolaires.