Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 22 février 2022 à 15h15
Bilan de la politique éducative française — Conclusion du débat

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

Vous savez, je n’en suis pas à ma première élection présidentielle. Mes amis en ont gagné trois et perdu trois ou quatre autres. Franchement, la France continue d’exister après les élections ! En revanche, que l’éducation nationale ne prenne pas la bonne direction, c’est une véritable tragédie, car il s’agit d’un paquebot de très haute mer, dont il est extrêmement difficile de corriger le cap.

Prenons un second exemple : l’augmentation de 13 % de votre budget.

Certes, il y a une augmentation de 13 %, mais ayons l’honnêteté de reconnaître collectivement que cet accroissement provient, pour 60 %, du glissement vieillesse technicité (GVT) et du protocole relatif aux parcours professionnels, carrières et rémunérations et à l’avenir de la fonction publique (PPCR).

Personne ne voulait de ce protocole, hérité de François Hollande, et pour cause : il permettait de soutenir les fonctionnaires les plus anciens, qui sont à peu près convenablement payés, mais n’aidait pas les plus jeunes, qui, eux, sont insuffisamment rémunérés. Vous avez essayé de corriger ce PPCR et, pour cela, parce qu’il allait dans la bonne direction, j’ai fait voter votre budget ici même. Cela étant, vous héritez d’un dispositif extraordinairement pesant ; nous ne vous en faisons pas le reproche personnellement, mais il faut le savoir.

Quelles conclusions apporter à ce débat ?

Sur l’école primaire, il faut avancer. C’est la base !

Il est également fondamental de travailler sur le lien entre lycée et université, trop de jeunes entrant à l’heure actuelle à l’université sans aucune préparation. Qu’il y ait des difficultés et des adaptations nécessaires, c’est une évidence. Il faut, à la fois, un peu de patience et un peu de compréhension.

À cet égard, monsieur le ministre, ce dont vous souffrez le plus, c’est de ne pas avoir d’alliés pour conduire la réforme : il sera nécessaire, pour vous ou votre successeur, d’en trouver. La réforme et les orientations prises ne sont pas en cause. Le problème, c’est votre solitude !

S’agissant de vos partenaires naturels, les collectivités locales, vous mettez en avant les cités éducatives. Comme c’est Mme Jacqueline Gourault qui paie, j’ai examiné son budget : 100 millions d’euros en trois ans, pour un objectif de 200 cités éducatives, correspondant à un 1 million d’élèves. Cela fait exactement 33 euros par élève et par an ! Je veux bien, mais si ce n’est pas là une opération de communication…

Les cités éducatives témoignent sans doute d’un engagement des élus, mais elles ne vont pas renverser la table en permettant la prise en main effective de certains enfants en difficulté.

C’est en ce sens, monsieur le ministre, que vous avez besoin d’alliés. Annoncer par des communiqués des orientations qui sont bonnes ne suffit pas si, dans la réalité, la mesure se heurte à toutes les difficultés liées à l’ampleur de ce ministère : la moindre évolution coûte tout de suite des centaines de millions d’euros ; une erreur de virgule se paie automatiquement par un effort du contribuable ou par une conduite du changement impossible à tenir. Autrement dit, ce qui est décidé ne sera pas nécessairement appliqué, comme les écoles du socle en sont la meilleure démonstration.

En réalité, monsieur le ministre, vous avez passé un excellent moment avec nous ! §Nous avons, vous le découvrez, la passion de l’éducation nationale, et nous serions tout à fait prêts à aider un ministère qui prendrait en considération les partenaires que sont les collectivités locales, les employeurs et, in fine, les parents.

En effet, c’est la famille qui fait les enfants, qui en a la responsabilité et qui les porte jusqu’à leur majorité. Un gouvernement ne considérant pas la famille comme élément premier de l’éducation passe à côté des réalités.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion