Il nous faudra également restaurer notre sécurité, non pas en la sous-traitant aux États-Unis, mais en la construisant nous-mêmes, sans doute avec les Britanniques au sein du pilier européen de l’OTAN et par le biais de grands programmes d’armement. Je ne crois pas à une armée européenne. En revanche, il existe un chemin que nous devons explorer.
Mes chers collègues, penser la puissance revient à écarter, au moins sur le moyen terme, la perspective fédéraliste, qui ne peut qu’affaiblir les nations, le seul instrument de puissance dont nous disposons aujourd’hui en Europe. Celles-ci sont le dépositaire de la volonté des peuples. La situation en Ukraine montre que la guerre est un choc des volontés. Si les nations peuvent coopérer, on sait depuis Périclès qu’il n’existe pas de meilleure arme que la volonté des peuples.
Je tiens à dire solennellement ce soir dans l’hémicycle du Sénat que le Président de la République a eu raison de qualifier cette guerre de « tournant historique ». Il nous faut trouver ce chemin français, celui de la liberté, de la souveraineté et de la Nation, car il correspond à l’histoire de la France et à la place qu’occupe la France dans l’Histoire. C’est ce que demande à cor et à cri le peuple ukrainien, les armes à la main.
Malraux, que vous lisez, monsieur le Premier ministre, disait que la France n’était elle-même que lorsqu’elle portait une part de l’espérance du monde. Aujourd’hui, la France porte une part de l’espérance du monde, ou plutôt une part de l’espérance ukrainienne.
Aujourd’hui, mes chers collègues, nous sommes tous ukrainiens. Vive la République, vive la France, et surtout vive l’Ukraine libre !