Intervention de Guillaume Gontard

Réunion du 1er mars 2022 à 19h00
Décision de la russie de faire la guerre à l'ukraine — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Guillaume GontardGuillaume Gontard :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame la ministre, messieurs les ministres, depuis six jours, nous vivons dans un état de sidération. La guerre est de retour en Europe, à l’initiative d’une grande puissance nucléaire qui déploie toutes ses capacités militaires contre un pays souverain.

Nos pensées vont naturellement vers les Ukrainiennes et les Ukrainiens qui ont déjà perdu des proches, perdu des enfants, qui vivent en ce moment même la peur au ventre sous les bombes, sous les balles, au son des canons et des sirènes, ou qui ont tout abandonné derrière eux pour préserver leur vie et celle de leurs enfants.

Ils et elles sont aujourd’hui les victimes d’une guerre d’agression indéfendable, d’une violation caractérisée du droit international et d’un déploiement de violence commis par l’une des plus grandes armées au monde, sous la coupe d’un dictateur impérialiste et révisionniste qui refuse la simple existence de leur nation.

Nous avons une conscience aiguë de l’extraordinaire courage dont ils font preuve pour défendre leur État, leur nation, leur liberté comme la nôtre, et pour défendre la démocratie. Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, au courage et au sang-froid extraordinaires, et dont le monde entier connaît désormais le nom et le visage, vient nous rappeler une nouvelle fois que, bien plus que l’inverse, c’est l’Histoire qui fait les grands hommes.

N’ayons pas peur des mots : le peuple ukrainien est aujourd’hui notre avant-garde sur le front oriental du combat pour la démocratie et la liberté. Cette sombre perspective a permis une prise de conscience généralisée de l’intérêt commun qui lie les démocraties et de la nécessité absolue, pour l’Europe, de devenir un acteur géopolitique.

Nous saluons les décisions historiques des derniers jours. Le mot n’est pas galvaudé. Nous saluons l’action de la France et de l’Union européenne sous présidence française. Nous nous félicitons de l’extraordinaire unanimité des Vingt-Sept. Sans le vouloir, Vladimir Poutine a ouvert la mer en deux et le chemin vers une Europe de la défense que les écologistes ont toujours défendue.

Vladimir Poutine, qui depuis tant d’années joue de nos divisions, n’avait sans doute pas anticipé cet élan d’unité. Il s’était préparé à des sanctions économiques, mais vraisemblablement pas à des sanctions de cette ampleur.

Ces sanctions n’épargneront pas le peuple russe, qui dans sa majorité n’a pas choisi cette guerre et qui est pétrifié par cette mise au ban des nations. Nous lui témoignons notre amitié et notre respect pour la mobilisation courageuse dont il fait preuve malgré les interdictions de manifester.

Vladimir Poutine n’avait pas non plus anticipé la résistance militaire et l’héroïsme des Ukrainiennes et des Ukrainiens, qui ont empêché une prise rapide du pays. Si Kiev devait tomber entre les mains de Poutine, il ne pourrait maintenir son contrôle sur une population éprise de liberté. On n’occupe pas un pays contre son peuple.

Nous n’en sommes cependant pas là encore.

L’urgence est de venir en aide à la résistance ukrainienne. Nous approuvons le soutien financier, opérationnel, humanitaire et les livraisons d’armes que la France, l’Europe et nos partenaires transatlantiques lui apportent, tout comme nous approuvons toutes les sanctions financières décidées contre la Russie et ses oligarques. À ce sujet, nous demandons au Gouvernement de faire preuve de la plus grande vigilance concernant l’accroissement supplémentaire des prix de l’énergie qui découlera de cette situation. La puissance publique doit protéger davantage nos concitoyens les plus modestes face à cette flambée.

L’urgence est aussi de venir en aide aux réfugiés qui fuient l’Ukraine par millions. À ce titre, nous saluons la volonté de la présidence française de proposer jeudi prochain au Conseil de l’Union européenne l’activation de la directive relative à des normes minimales pour l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées. La puissance publique doit faciliter le transit de celles et ceux qui veulent rejoindre l’ouest de l’Europe.

Alors que l’Union africaine s’inquiète de la situation des ressortissants africains, dont certains seraient bloqués à la frontière par les autorités polonaises, et alors qu’un discours nauséabond s’installe doucement, visant à qualifier les réfugiés selon la couleur de leur peau ou leur religion, je veux rappeler ici avec force qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais réfugié. §Toute personne, quelle que soit sa nationalité, a le droit de quitter un pays en guerre, et nous avons le devoir de l’accueillir.

Aussi, nous demandons à la présidence française de faire preuve de la plus grande vigilance sur la situation aux frontières orientales de l’Union européenne et d’obtenir des garanties des pays concernés.

Monsieur le Premier ministre, nous saluons – une fois n’est pas coutume – la démarche de transparence et de concertation que vous entreprenez malgré la complexité de la situation, et que nous espérons durable.

Cette crise conforte notre rapport au monde et à l’Europe, et notre attachement à la liberté et à la démocratie.

Le chemin de la paix est, hélas !, encore long, mais il passera inévitablement par une Europe unie, plus intégrée, capable de créer par la voie diplomatique les conditions d’un avenir pacifique et la sauvegarde de l’intégrité de la nation ukrainienne.

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