Intervention de Stéphane Lelux

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 27 janvier 2022 : 1ère réunion
Étude de la délégation sur la place des outre-mer dans la stratégie maritime nationale — Table ronde sur les câbles sous-marins

Stéphane Lelux, président du groupe Tactis-Innopolis :

Comme l'a dit Jean-Luc Vuillemin, la meilleure solution consiste en la multiplication des routes. Un câble est par nature vulnérable, quelle que soit sa conception. Aujourd'hui, nos territoires ultramarins sont relativement bien raccordés, avec un à deux câbles au minimum, mais est-ce suffisant pour remédier à un incident ? En Somalie, la coupure d'un câble a engendré pour la sous-région un coût de 10 millions de dollars par jour, et elle a duré plusieurs semaines. Les pertes finales ont ainsi représenté plusieurs centaines de millions de dollars pour un seul câble.

Outre la multiplication des câbles, l'autre solution consiste en une réactivité de projection importante en cas d'incident. Lorsqu'un câble est endommagé, il faut espérer que le ou les autres ne le soient pas. Les bateaux de maintenance sont en attente dans des ports, mais si l'un d'eux est parti pour une opération à 5 000 kilomètres, les autres câbles éventuellement endommagés devront attendre longtemps avant d'être réparés. La capacité de projection constitue donc un vrai sujet, d'autant plus si le nombre de câbles augmente.

Concernant les routes de la soie, le terrain de jeu le plus stratégique pour l'Europe est l'Afrique. La zone indopacifique l'est toutefois également, et nous devons mener une réflexion géostratégique sur une route indépendante, reliant la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française à l'Amérique du Sud, même si nous savons qu'il n'existe pas de modèle économique. L'investissement en question représenterait de 150 à 200 millions d'euros. D'autres routes directes, ne passant pas par l'Amérique du Nord, existent entre Brésil et Angola, ou entre Europe et Amérique du Sud. En Afrique, le problème de la présence chinoise ne concerne pas les câbles sous-marins, mais le réseau terrestre, où les Chinois sont très présents. De plus, les projets d'infrastructures sous-marines commencent à surgir.

Par ailleurs, les États-Unis sont également très sensibles aux projets réalisés en direction de leur territoire, comme le prouve la « Team Telecom » mentionnée plus tôt. Ils ont ainsi bloqué un projet les reliant à Hong Kong, avant de l'accepter après des modifications sécuritaires. La bataille stratégique autour des câbles a donc commencé, mais elle concerne pour l'instant la conception.

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