J'abonde dans ce sens tout en ajoutant d'autres problématiques, dont celle de la consommation d'énergie des data centers. Nous devons réfléchir à la production énergétique propre dans les territoires ultramarins, ainsi qu'au « cooling » lié à ces data centers. Il faut en effet refroidir ces sites. À La Réunion, nous avons étudié la possibilité d'utiliser des boucles d'eau de mer froide.
Par ailleurs, pour bénéficier des fruits de ces infrastructures, nous devons pouvoir compter sur une filière locale capable d'offrir des débouchés à nos entreprises et des perspectives d'emplois. Une nouvelle fois, la vision doit être globale. Nous ne pouvons pas agir efficacement sans projet territorial de développement économique et de transformation numérique, dans une approche de smart territories comme les nomment les Anglo-Saxons - peu importe le nom donné, même si nous adorons en France les batailles terminologiques, pendant que les autres pays avancent. Comme dit précédemment, cette stratégie globale doit concerner les routes internes aux territoires.
Encore une fois, les Caraïbes me semblent constituer un enjeu stratégique important pour la France et l'Europe, tant au niveau insulaire que continental : certaines régions septentrionales du Brésil sont plus liées à la Guyane qu'à Brasilia. Ces bassins représentent des zones d'attractivité potentielles importantes : Saint-Laurent-du-Maroni va devenir la plus grande ville ultramarine à l'horizon 2050.
Concernant les partenariats entre les grands groupes publics, privés et les forces militaires, il convient de mentionner l'Institut de recherche pour le développement (IRD), un acteur très structurant. Autre exemple avec la Direction générale de l'armement (DGA) et le projet de câble militaire reliant Menton à Solenzara en Corse. Ce câble présentant une surcapacité, nous avons réussi à négocier trois paires de fibre optique totalement dédiées au civil. Nous avons ainsi réussi, avec un coût marginal, à renforcer le développement numérique de l'île. En revanche, nous n'avons jamais pu convaincre la gendarmerie et la préfecture de Saint-Pierre-et-Miquelon d'utiliser les fibres déployées par la collectivité territoriale pour interconnecter Saint-Pierre avec Miquelon. Il est donc tout à fait nécessaire de rassembler dans les négociations autour d'un projet les services de l'État et les collectivités. Nous réemploierons ainsi plus efficacement l'argent de nos impôts au bénéfice des utilisateurs que sont les services de l'État, et nous pourrons, après les avoir sécurisés, utiliser les câbles portés par les collectivités.