J'interviendrai avec gravité sur cette situation terrible. Cette agression était prévisible. Pourtant, lorsqu'on en évoquait le risque, nous passions pour fantasques... Or les Russes se sont d'abord occupés de la Transnistrie en Moldavie, puis de l'Ossétie et de l'Abkhazie en Géorgie, bloquant certaines populations pour imposer leur puissance. Puis, il y a eu l'annexion de la Crimée, et la situation dans le Donbass.
J'entends de manière très criante la demande de l'Ukraine d'adhérer à l'Union européenne. Mais nous ne devons pas oublier que nous avons déjà, avec l'Ukraine, avec la Géorgie, avec la Moldavie, des accords d'association ! Je me rappelle avoir été rapporteure lors de leur ratification, avec Josette Durrieu pour la Moldavie. Nous avons toujours dit, comme pour les Balkans, que la phase d'adhésion était de nature différente, et qu'il fallait d'abord en passer d'abord par ces accords. Dénoncer ces accords, ce serait dénoncer le partenariat oriental, qui n'est pas qu'un outil de financement symétrique avec la Méditerranée, mais bien un véritable atout. Ne pas s'appuyer sur le partenariat oriental, ce serait lâcher les pays qui ont contractualisé avec l'Europe.
La situation est grave, et n'oublions pas la résonance que peut prendre chacune de nos décisions, même prise par souci d'humanité, dans la tête de Poutine. Je me rappelle qu'en Géorgie, un responsable nous disait que les Russes étaient à moins de vingt minutes, et qu'il craignait à tout moment une nouvelle annexion. Dans quel état doivent être les Géorgiens aujourd'hui quand ils voient ce qui se passe ? Nous devons être solidaires avec ces peuples, et ne pas hésiter à agir dans l'urgence, notamment en ouvrant des corridors sanitaires. Pour autant, gardons la tête froide, pour ne pas encourager l'escalade chez les Russes.