rapporteure de la commission des affaires européennes. – Je me félicite de la démarche initiée par nos trois commissions pour permettre au Sénat de prendre position sur ce sujet majeur de la mise en œuvre de la loi européenne sur le climat. L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990 n’est pas qu’un chiffre en l’air : cela va devenir une réalité tangible pour nos concitoyens. Nous en avions déjà conscience lors de l’examen du projet de loi « Climat et résilience » du 22 août 2021, mais je crois que notre démarche permet à chacun d’entre nous de bien le mesurer et de préciser les enjeux à l’échelle de l’Europe.
Nous avons tous cherché une voie d’équilibre par rapport aux propositions de la Commission européenne : une voie d’équilibre éminemment sénatoriale, ce qui nous conduit à mettre l’accent sur l’acceptabilité sociale, économique et territoriale de ce paquet. C’est un point essentiel. La transition sera lourde. Prenons garde aux contestations possibles si les mesures sont mal calibrées ou mal accompagnées. Nous avons connu les « gilets jaunes » en France et, clairement, cette préoccupation sociale, économique et territoriale est au cœur du texte que nous présentons aujourd’hui. Je veux ainsi, une nouvelle fois, souligner devant vous la nécessité d’un portage politique au plus haut niveau de cette politique de lutte contre le changement climatique. Il faudra faire œuvre de pédagogie et dialoguer avec nos concitoyens pour mettre en œuvre les mesures de manière efficace et harmonieuse.
Nous avons également exprimé des points de vigilance sur la compétitivité de nos entreprises : nous soutenons l’objectif global, mais demandons à veiller à l’accompagnement de la transition et à pallier certaines failles, comme celles qui ont été identifiées sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, qui pénaliserait en l’état les entreprises exportatrices, ce qui n’est pas acceptable.
Nous mettons l’accent sur les moyens d’accompagnement et sur le Fonds pour l’innovation, que nous souhaitons renforcer. Cela me paraît constituer un point d’équilibre par rapport à des mesures qui insistent plus sur la solidarité intra-européenne, évoquée par Didier Marie. Les alinéas 94, 95 et 119 de la proposition de résolution me paraissent ainsi essentiels. Ce paquet de mesures est d’une grande complexité et la Commission européenne en joue assurément. J’ai pu le constater lors de deux déplacements à Bruxelles. La France préside aujourd’hui le Conseil de l’Union ; c’est une chance que nous devons saisir, même si cette présidence va être hachée par la période électorale qui s’ouvre. Je forme le vœu que le Gouvernement intègre nos préoccupations, celles du Sénat.