Intervention de Éric Chenut

Mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale — Réunion du 30 mars 2022 à 14h30
Audition de M. éric Chenut président de la fédération nationale de la mutualité française

Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la mutualité française :

Si ce que vous dites était vrai, il faudrait conseiller aux personnes en affection longue durée de ne pas se couvrir en complémentaire santé. Ce conseil serait très mauvais, car avant l'intervention des AMC, le reste à charge des personnes en affection de longue durée est deux fois et demie supérieur à celui des personnes qui ne sont pas en affection de longue durée.

Certes, je vous rejoins sur le fait que l'assurance maladie a concentré ses prises en charge sur les hospitalisations et les affections de longue durée. Pour les personnes en ALD, de nombreux soins annexes complémentaires font augmenter les dépenses de santé, et concernent également les complémentaires santé.

On peut penser que l'assurance maladie n'a pas beaucoup bougé durant vingt ans, sa couverture des soins étant passée de 77 % à 79 %. Mais, en réalité, dans cette période, elle a concentré ses prises en charge sur les soins relatifs au vieillissement et aux ALD, alors que sa prise en charge des soins courants a baissé, les mutuelles ayant pris le relais. Dans le même temps, le reste à charge moyen des familles est resté le même. Mais comme les dépenses de santé ont augmenté, les citoyens ont le sentiment de payer davantage de cotisations sociales à la sécurité sociale comme à leur mutuelle, ce qui est vrai.

L'enjeu est considérable : vous, en tant que représentants, et nous, en tant qu'opérateurs et acteurs de la démocratie en santé, devons expliquer cet écart entre la réalité macroéconomique et le ressenti des assurés sociaux. C'est essentiel si nous ne voulons pas davantage altérer la relation de confiance dans la protection sociale sur laquelle notre système se fonde. Si les assurés sociaux ne sont pas convaincus que le jour où malheureusement ils subiront un aléa le système les protégera, ils seront moins enclins à aider ceux qui sont aujourd'hui en difficulté. Notre système par répartition nécessite et impose la confiance. Or un sondage que nous avons fait faire par Harris Interactive, qui a été rendu public le 1er mars dernier, montre à quel point nos concitoyens sont inquiets sur la solidité de notre protection sociale.

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