rapporteure. – Dans la mesure où les professions de santé sont réglementées, des maquettes pédagogiques nationales existent, qui précisent les prérequis minimums que tout praticien – médecin ou pharmacien – doit connaître. En premier cycle d’études médicales – PCEM 1 –, puis avec la Paces, même si les divers contenus étaient un peu différents et plus ou moins scientifiques, on trouvait partout de la biophysique, de la biochimie et de l’anatomie. La sélection s’opérait d’ailleurs sur ce socle commun. Or aujourd’hui, selon les universités, les mineures et les majeures sont plus ou moins étoffées – le nombre d’heures peut aller du simple au double ! Mais quand le niveau des étudiants, PASS ou L.AS, reçus est similaire, cela signifie que le travail a été accompli en amont.
Le comité national de suivi a tout de même été mis en place par le ministère. Une coordinatrice a ainsi fait le tour de toutes les universités et continue de dialoguer régulièrement avec elles. L’idée d’un socle pédagogique commun émerge, mais une deuxième promotion arrivera avant que celui-ci ne soit élaboré. J’espère qu’il verra le jour d’icila rentrée universitaire prochaine.
Quant à la transparence concernant les modalités de sélection, elle est indispensable pour éviter l’incompréhension, le sentiment d’injustice et la révolte ! On ne peut en arriver là quand il est question d’intérêt général. Et nombre de ces étudiants avaient rêvé d’exercer ce métier. Il faut des règles du jeu connues et lisibles aussi pour les oraux.
L’esprit initial de la réforme était le « tout L.AS ». Mais des universités avaient mis en place le « Paces one », presque identique à une sélection Paces, avec une poursuite d’études en licence. Et certains acteurs étaient réticents à l’idée d’abandonner l’ancien système de la Paces… D’où cette cohabitation entre PASS et L.AS, et les ambiguïtés qui en ont découlé. Avec un système « tout L.AS » dès le départ, le dialogue intercomposante aurait été plus aisé et les orientations plus compréhensibles pour les étudiants.
La réforme doit être suivie, il faut espérer que la rentrée 2021 se fasse dans de meilleures conditions. De ce point de vue, la publication de ce deuxième rapport favorisera peut-être des progrès. La réforme doit être utile dans tous les territoires, ce qui n’est pas le cas dans sa mise en œuvre actuelle.
M. Jean Hingray. – Je félicite la rapporteure pour ce rapport très dense sur les études de santé. Je suis favorable à la liberté et à l’autonomie des universités, mais nous avons intérêt à augmenter le nombre de médecins à certains endroits. Les moyens alloués au niveau national, territorial et infra-territorial feront-ils l’objet d’un recadrage pour équilibrer la situation entre toutes les universités ?
rapporteure. – Je rappelle que les objectifs nationaux de professionnels de santé à former sur cinq ans ont été élaborés à partir de consultations régionales. Concernant l’installation des professionnels, dans leur ensemble, l’enjeu est de savoir dans quelle université ils ont été formés. En réalité, il faudrait travailler à l’échelle du territoire universitaire. Les exemples de Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand montrent qu’en matière de démographie médicale, les problématiques varient beaucoup. Pourquoi faut-il sous-régionaliser, sinon pour pouvoir adapter les moyens ? En effet, le déficit démographique va souvent de pair avec un déficit de formation des professionnels, lié au fait que les universités des territoires concernés sont les moins dotées en enseignants et encadrants. La territorialisation est essentielle pour identifier les enjeux de péréquation et pour renforcer les moyens des universités qui en ont le plus besoin.