Intervention de Frédéric Mondoloni

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 février 2022 à 9h30
Russie — Audition de Mm. Jonathan Lacôte directeur général adjoint des affaires politiques et de sécurité et frédéric mondoloni directeur de l'europe continentale au ministère de l'europe et des affaires étrangères

Frédéric Mondoloni, directeur de l'Europe continentale, au ministère de l'Europe et des affaires étrangères :

Le Président de la République a tenté en 2017 à Versailles, en 2019 à Brégançon et avec la relance des rencontres en format 2+2 de restaurer ce dialogue exigeant avec la Russie. Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que l'on ne peut pas traiter ces questions de sécurité internationale sans entretenir un dialogue avec la Russie. L'état des lieux montre les limites de ce dialogue, certes, mais aussi la nécessité de le maintenir, même si, sur certains sujets, comme sur Wagner et l'Afrique, celui-ci n'est pas fructueux.

Nous avons une volonté de désescalade, c'est important, au niveau national comme dans le cadre de la présidence de l'Union européenne. Nous avons dépêché un envoyé spécial à Moscou le 25 janvier, différents groupes de travail fonctionnent, la réunion du format Normandie du 26 janvier a montré le réengagement des parties au cessez-le-feu sur la ligne de contact et à la mise en oeuvre des accords de Minsk, lesquels sont au coeur de la relation entre l'Ukraine et la Russie. La décision a été prise de nous réunir encore à la mi-février, à Berlin. Le Président de la République a eu deux fois M. Poutine au téléphone et une fois M. Zelensky. Cette intense mobilisation nous permet d'appeler à la désescalade et au respect du droit international. La situation actuelle est préoccupante, mais il est important de maintenir ce cadre de dialogue pour donner sa chance à la diplomatie. Sans cela, nous augmenterions les risques d'une confrontation très forte qui emporterait des implications majeures sur la sécurité européenne. La situation est complexe depuis 2014, avec les dossiers de la Crimée et du Donbass, il s'agit donc de l'approfondissement d'une crise ancienne.

S'agissant des ventes de matériel militaire à l'Ukraine, le Président de la République étudie les options, nos priorités étant la désescalade et la dissuasion. Notre doctrine est simple : le matériel autorisé ne pourrait être que défensif. En tout état de cause, la disproportion des forces est telle que même un soutien matériel massif ne permettrait pas de rétablir la balance.

Wagner est un point nouveau, et majeur, de divergence avec la Russie. Il s'agit d'une société privée, mais elle est très liée au Kremlin, à nos yeux, et constitue un outil de la Russie pour mener des guerres hybrides. Nous n'avons aucune illusion sur son autonomie, même si sa logique de prédation lui est propre.

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