Le rapprochement de circonstance entre la Russie et la Chine a été illustré lundi lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à l'Ukraine. Nous n'étions pas favorables à sa tenue, mais les États-Unis ont insisté. Comme prévu, cette séance a permis à la Russie et à la Chine de s'exprimer de manière concordante contre notre position, en présence des membres non permanents. C'est toujours problématique, car nous ne savons pas de quel côté ces États pourraient ensuite basculer. Il faut regarder les éléments de cohérence et de rationalité chez la partie adverse, car il y en a. La Russie reprend le contrôle sur son étranger proche, le Caucase en est un exemple éloquent : Les Russes occupent deux républiques autonomes de Géorgie, ils ont renforcé leur présence en Arménie et sont maintenant au Haut-Karabagh, avec sans doute 10 000 personnes, familles comprises. En douze ans, la Russie a ainsi repris pied dans chacune des trois républiques du Caucase du Sud. Le schéma est dual : il y a des victimes consentantes, mais lorsque certains pays sont récalcitrants, ils en payent un coût territorial. Toute ex-république soviétique qui s'est opposée à Moscou en a payé le prix. On voit maintenant, au Kazakhstan, qu'il a été fait pour la première fois usage de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) comme instance de maintien de l'ordre. Ce schéma est cohérent et il est validé dans le voisinage plus large, avec les menées en Syrie, en Libye et en Afrique sahélienne, avec Wagner, dans une logique d'opposition frontale avec les pays occidentaux sur le terrain.
Il faut replacer dans ce cadre le conflit avec l'Ukraine : M. Poutine se donne comme mission de faire revenir le pays dans son giron. En 2014, c'est un accord avec l'Union européenne, et non avec l'OTAN, qui a conduit à l'intervention russe. L'OTAN n'a pas d'agenda d'élargissement aujourd'hui, on n'en parle plus depuis le sommet de Bucarest en 2008 et ce n'est certainement pas la France qui pousserait en ce sens. Il n'y a donc aucune actualité d'une adhésion de l'Ukraine aujourd'hui, alors que cette crise a été déclenchée par Moscou.
S'agissant du Royaume-Uni, cette crise a conduit les États-Unis à conclure que celui-ci n'était plus un cheval de Troie vers l'Union européenne. Parler à Londres, ce n'est plus parler à l'Union européenne ; les États-Unis doivent donc parler autrement à l'Europe. Avec le Brexit, les relations avec le Royaume-Uni ont changé.