S'agit-il d'un bluff de M. Poutine ? Nous n'avons pas d'indication qu'une décision aurait été prise. Les États-Unis considèrent, quant à eux, que c'est le cas. Nous considérons que nous pouvons encore jouer un rôle de désescalade pour défendre la paix. M. Poutine, à notre sens, analyse le rapport coût-avantage de ses actions au jour et le jour, notre rôle est de lui montrer qu'une opération militaire ne lui serait pas bénéfique, quelle que soit la forme qu'elle prendrait et il a différentes options. N'importe quelle action militaire, même limitée, déclencherait une réponse massive de notre côté.
Vladimir Poutine prend-il en compte l'opinion publique russe ? C'est une vraie question. Il y a eu un moment nationaliste très fort avec l'annexion de la Crimée, en 2014, et sa décision avait alors été très largement soutenue, au-delà de sa mouvance.
Aujourd'hui, on sent une résignation de la population. La tentation de lancer une diversion apparaît nettement à la télévision russe, qui met en avant ces conflits pour faire oublier la vie quotidienne. Cette dimension est intégrée dans le calcul de M. Poutine et, à ce titre, une intervention militaire présenterait des risques.
Sur l'Ukraine, notre rôle est de défendre le processus de Minsk, qui a eu le mérite de mettre un terme aux opérations militaires dans le Donbass. Les Ukrainiens doivent faire leur part du chemin, avec la mise en place d'un statut spécial, de l'amnistie, avec la révision de la loi électorale et cela doit être discuté dans le cadre de l'OSCE, avec la Russie et, pour certains points, avec les séparatistes. Nous cherchons à permettre la mise en place de ce dialogue dans le cadre de l'OSCE ; une réunion du format Normandie s'est tenue fin janvier à Paris et une prochaine session aura lieu à Berlin dans quinze jours.
Kiev doit mettre en place ces éléments, c'est difficile politiquement, mais c'est la condition sine qua non pour résoudre le conflit du Donbass. Cela constituerait un signal important dans un contexte global très complexe.