La Russie recycle, concernant l'Afrique, le discours tenu par l'URSS pendant la guerre froide sur les puissances coloniales, proposant un modèle alternatif.
Evgueni Prigojine, principal financeur du groupe Wagner, a déclaré que la série de coups d'État récents était la conséquence des tentatives, de la part des Occidentaux, d'imposer un modèle démocratique, selon un réflexe néocolonial. Ce discours recueille dans certaines parties de la population locale un écho favorable. La Russie joue dans notre « étranger proche » comme une réponse à ce qu'elle voit comme notre jeu dans le sien. On ne peut exclure un retrait des Russes en cas d'échec. C'est tout l'intérêt de recourir à la société Wagner, qui permet de tester des choses sur le terrain et d'abandonner si les initiatives ne portent pas les fruits escomptés. Il est moins délicat politiquement de retirer ce type de force que de retirer des forces régulières !
Si l'on regarde dans le détail, les accords de sécurité conclus par la Russie en Afrique ne sont pas tous des accords d'une très grande ampleur - gare aux effets d'optique. Il y a toujours des exceptions qui confirment la règle comme les accords avec la République centrafricaine où le ministère russe de la défense est présent. Mais dans la plupart des cas, ce sont des accords limités qui portent sur des ventes d'armes limitées, ou l'accueil de quelques officiers dans les écoles militaires russes. Il y a un effet de loupe que la Russie sait bien orchestrer et que nous ne devrions pas appuyer en le relayant de fait. Il faut se concentrer sur ce que la Russie fait réellement et non pas sur ce qu'elle fait semblant de faire.