– L’année dernière a effectivement vu, le 21 mai, l’extension du pass Culture à tous les jeunes de 18 ans sur le territoire national, après presque deux ans d’expérimentation ; au même moment était annoncée son extension aux mineurs à partir de janvier 2022 selon deux directions. D’une part, le dispositif initial serait étendu aux jeunes de 15 à 17 ans, qui recevraient des crédits de 20 euros à 15 ans, puis 30 euros à 16 et 17 ans, pour une découverte progressive de la culture à partir de choix personnels. D’autre part, le pass est étendu, dans une version collective, aux élèves de la quatrième à la terminale des établissements scolaires, par le biais de crédits accordés à ces établissements au prorata du nombre de leurs élèves – 25 euros pour chaque élève de quatrième et troisième, 30 euros en seconde et 20 euros en première et terminale –, ce qui fait du pass un nouvel outil de financement de la politique d’éducation artistique et culturelle (EAC). Ainsi, chaque classe dispose d’un budget d’environ 800 euros, auxquels s’ajoutent des apports de l’État et des collectivités territoriales, de manière à atteindre l’objectif dit de « 100 % EAC ».
Aujourd’hui, 1,8 million de jeunes sont inscrits au pass Culture, dont 1,05 million de jeunes de 18 ans et 750 000 mineurs inscrits depuis le début de l’année. Cela nous réjouit, car le pass a été construit pour donner envie aux jeunes d’intensifier et de diversifier leurs pratiques culturelles, dans une perspective de formation de citoyens éclairés et émancipés. En regard, quasiment 14 000 acteurs culturels, tous secteurs confondus, participent à notre offre ; ce chiffre inclut de nombreuses collectivités territoriales, acteurs incontournables de la culture.
Notre objectif est d’avoir un outil complémentaire de la politique culturelle menée depuis plusieurs dizaines d’années, souvent qualifiée de « politique de l’offre », de manière à mettre en valeur auprès des jeunes l’extraordinaire tissu culturel construit sur l’ensemble du territoire. L’application développée autour du pass Culture leur permet de découvrir l’offre culturelle présente autour de chez eux. Nous considérons le pass comme un bien public partagé, financé par l’impôt, dont toutes les parties prenantes ont vocation à se saisir. Nous voulons être à l’écoute de tous, des jeunes aux acteurs culturels, aux éducateurs et aux collectivités, pour en faire l’outil le plus efficace possible. Le succès repose sur l’engagement de tous, il faut donc développer un maximum de partenariats. L’extension du pass aux jeunes de 15 ans et aux élèves dès la quatrième permettra de s’adresser au total à presque 6 millions de personnes, avec une pluralité d’outils.
Quant à l’utilisation des crédits, en 2021, les jeunes de 18 ans ont massivement plébiscité le livre, qui a représenté 56 % de leurs dépenses. On sait qu’un tiers de ces dépenses est allé vers les mangas, mais 60 % de leurs acheteurs ont aussi acheté d’autres livres ; au total, 200 000 références différentes de livres ont été achetées ! La deuxième source de dépenses était le cinéma, avec 17 % des dépenses ; la troisième, les instruments de musique. Au premier trimestre 2022, avec l’amélioration de la situation sanitaire, on observe une petite baisse de la part des livres, une consolidation du cinéma et un début de reprise du spectacle vivant, notamment des festivals et des concerts ; le pourcentage reste modeste, mais dynamique. Ainsi, au printemps de Bourges, 3 800 billets ont été vendus par le biais du pass Culture, soit 11 % des ventes totales. Mentionnons l’offre Duo, qui permet aux jeunes d’inviter qui ils veulent à un spectacle ou un festival. Ces dispositifs permettent à de nouveaux publics de découvrir ces offres.
Sur la part collective, mise en œuvre depuis janvier seulement, nous avons encore peu de recul, mais on peut déjà constater que son utilisation est très différente et complémentaire de celle de la part individuelle : 40 % en est faite sur le spectacle vivant, après quoi viennent les pratiques artistiques et les visites guidées. En additionnant ces deux offres, les jeunes disposent d’occasions extrêmement nombreuses et variées de découvrir la culture.
Dans les mois qui viennent, nous devons nous confronter à plusieurs enjeux. D’abord, il faut continuer à donner envie aux jeunes de rejoindre et d’utiliser le pass Culture et réussir l’appropriation par tous les enseignants de la part collective.
Ensuite, une meilleure éditorialisation de l’offre doit faire en sorte que les jeunes explorent le catalogue au-delà de leur zone de confort, de leurs univers de prédilection. Nous y travaillons par le biais de playlists éditorialisées et d’offres exclusives : ainsi, à Nancy, un billet d’opéra acheté avec le pass a pu permettre la visite guidée du théâtre, des rencontres avec des artistes et un musicologue… Nous voulons aussi donner davantage la parole aux acteurs culturels et aux jeunes au sein de l’application, la recommandation par les pairs étant cruciale à cet âge-là. Ainsi, on pourra mieux remplir notre objectif de diversification ; pour mieux mesurer celle-ci et mieux comprendre comment nous adresser aux jeunes, nous avons conclu un partenariat avec l’École normale supérieure (ENS).
Enfin, nous voulons faire en sorte que tous les acteurs rejoignent progressivement le pass Culture. Il faut que les jeunes puissent découvrir l’environnement culturel tel qu’il est. Cela concerne notamment les musées et les bibliothèques, qui se sentaient peu concernés à l’origine du fait de leur gratuité pour les jeunes : pourtant, les offres gratuites sont aussi un vecteur crucial pour essayer telle ou telle pratique culturelle, a fortiori pour les jeunes de 15 à 17 ans disposant d’un crédit plus modeste. Nous travaillons aussi énormément avec les collectivités, souvent premiers gestionnaires et financeurs de la culture sur leurs territoires. Ainsi, nous avons signé ces derniers jours une convention de déploiement du pass avec le maire de Bourges.
Nous sommes aussi très soucieux de partager autant que possible les données obtenues sur les pratiques culturelles des jeunes, dans le respect de la réglementation européenne et du secret des affaires. On fait ainsi du pass un outil d’aide à la décision pour la construction des politiques publiques par le Gouvernement et les élus. Nous publions des informations en open data et des études que vous pouvez consulter sur notre blog Medium.