– Je voudrais évoquer la question de l’intérêt du travail des corps intermédiaires dans la publication scientifique. Ne risquons-nous pas d’idéaliser une publication scientifique en open access offrant une relation directe entre chercheur et scientifique ? La réalité est différente, vous l’avez relevé avec la théorie de la mémoire de l’eau ou des théories médicales inquiétantes. Les corps intermédiaires, à ce titre, opèrent la vulgarisation et le contrôle, à travers des processus de relecture, grâce au mécanisme global de publication. Demain, dans le monde idéal de l’open access, qu’en sera-t-il ? Les choix philosophiques diffèrent à ce sujet, et on peut tous les entendre.
Une autre question fondamentale concerne le chercheur et le lien entre sa liberté académique et sa soumission à une autorité de tutelle qui vient contraindre cette liberté. Elle a une dimension plus globale : le choix de la voie de publication est une liberté fondamentale pour le chercheur, dont il dispose aujourd’hui et qu’il pourrait perdre. Nous devons être vigilants à ce sujet. L’ouverture est alléchante, mais elle bouscule notre manière même de faire de la science. Il s’agit d’un choix de philosophie scientifique qui doit être défendu si nous voulons protéger cette pluralité dans la connaissance.