Vous rappelez le caractère autoritaire du régime chinois à juste titre. La Chine demeure est un grand pays, c'est une économie majeure, avec ses fragilités, avec laquelle tout le monde commerce. La route de la soie revêt selon moi une dimension de politique intérieure - chez nous, on parlerait d'aménagement du territoire -, même si elle a probablement été entravée par la pandémie. Partagez-vous ce point de vue ?
Je vous pose une question un peu provocatrice pour éclaircir vos propos : quand l'Union européenne rachète de la dette et bat monnaie pour financer un plan de relance européen dans le cadre de la pandémie, parleriez-vous aussi de « résultat artificiel » ?
Comment analysez-vous le fait que la Chine détienne une partie de la dette des États-Unis ? Est-ce un élément de fragilité croisée, c'est-à-dire tout à la fois une dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine et un frein à l'internationalisation du renminbi ? Les choses évoluent très vite : le Swift chinois, avec la guerre en Ukraine, représente près de 10 % des volumes de paiement, nettement plus qu'il y a deux ou trois ans. Ne pensez-vous pas que, selon la loi de Gresham, le renminbi pourrait devenir une monnaie de spéculation contre dollar ?
Enfin, vous avez évoqué la route européenne de la soie. Mais il en existe bien d'autres. Par exemple, le China-Pakistan Economic Corridor (CPEC) pourrait permettre de contourner cette voie européenne. On peut également évoquer les relations privilégiées entre la Chine et le régime birman.