président. – Je vous prie d’excuser mon absence de cette salle : je suis soumis à l’isolement pour un test positif au covid. Je remercie à mon tour pour leur venue M. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, et Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques – que je félicite pour sa nomination et que notre commission aura l’occasion de recevoir bientôt.
Comme l’a indiqué le président de la commission des lois, la gravité des faits qui se sont déroulés samedi, à proximité immédiate de Paris, dans le futur stade olympique, ne pouvait nous laisser indifférents. Une compétition prestigieuse entachée, des milliers de personnes empêchées d’accéder au stade, certaines molestées, des actes de délinquance en grand nombre. Le Sénat devait remplir son devoir de contrôle à deux ans des jeux Olympiques et Paralympiques à Paris.
Nous avons de nombreuses questions à vous poser, mais l’une d’elles s’impose, à mon sens : ces incidents étaient-ils prévisibles et donc évitables ?
Nous devons comprendre les échanges entre l’État, l’UEFA, le consortium du Stade de France, la RATP et la SNCF. Deux événements ont eu un effet important sur l’organisation du match : la grève sur le RER B, connue depuis plusieurs jours, et la fausse billetterie identifiée par la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) dans une note en date du 25 mai, soit trois jours avant la finale.
Le 13 novembre 2021 – il y a donc seulement six mois – le match France - Kazakhstan avait été délocalisé au Parc des Princes, car des travaux étaient programmés sur la ligne B du RER et le risque de saturation des autres moyens de transport avait été considéré comme trop important. La grève de la RATP sur cette ligne a eu des effets similaires. Un report de la finale a-t-il été envisagé et le risque de saturation bien évalué ? À défaut de pouvoir reporter la rencontre, des mesures exceptionnelles auraient-elles pu être envisagées comme la réquisition de conducteurs sur la ligne B, la régulation des flux en amont de la ligne D, à Paris-Nord ou l’organisation de transports alternatifs par bus ? Comment avez-vous essayé de prévenir ce risque prévisible de saturation ?
Concernant l’accès au stade, vous avez indiqué que le club de Liverpool avait demandé l’établissement de billets papier que vous avez jugés aisément falsifiables. Pourquoi ne pas avoir exigé de l’UEFA l’établissement de billets électroniques infalsifiables ? Là encore, le risque était identifié et, pourtant, rien ne semble avoir été fait.
Je laisserai mes collègues vous poser d’autres questions, mais je ne saurais éluder l’inquiétude qu’a suscité chez nombre de sénateurs cet échec de samedi dernier quant à l’organisation des jeux Olympiques à Paris en 2024. Quelles leçons allez-vous en tirer ? Organiser la finale de la Champions League avait valeur de test. L’originalité revendiquée des Jeux de Paris tient à ce que l’événement se déroule autant dans les rues que dans les stades, avec un immense rassemblement populaire. Je pense, en particulier, à la cérémonie d’ouverture, qui doit rassembler plusieurs centaines de milliers de personnes le long de la Seine. N’est-il pas nécessaire de réfléchir à un format plus raisonnable pour éviter un nouveau fiasco qui entacherait la crédibilité de notre pays ?