Pour ce qui est des fournitures extérieures, absolument rien ne nous vient de Chine ! Sur certains systèmes, nous utilisons des produits provenant des États-Unis, mais toujours dans un cadre très réfléchi. Dans les programmes lancés récemment, nous nous efforçons de nous affranchir de ce genre de dépendance. Il s'agit au demeurant d'une gradation en fonction des programmes : sur les plus sensibles, et à la demande de la DGA, nous sommes complètement affranchis.
Un sommet de l'OTAN aura lieu les 28 et 29 juin - après le Conseil européen des 30 et 31 mai -, durant lequel des décisions autour des achats en commun seront discutées. L'enjeu est très fort. Avec la mobilisation de l'« équipe France », nos capacités d'influence sont substantielles : le Commandant suprême allié Transformation (SACT), basé à Norfolk, est français, et 600 de nos concitoyens travaillent au sein de l'Organisation. Le poids des Américains devrait ainsi être rééquilibré. J'ai récemment invité le général Autellet au comité défense du Conseil des industries de défense françaises (Cidef), afin que son expertise de l'OTAN contribue à notre information. Notre conscience collective de nos intérêts dans cette organisation doit progresser. Si, outre la France, nous fédérions les participants européens, la réussite serait plus forte.
Il est vrai, monsieur Sido, que les capacités et le niveau de complexité varient. Mais ce qui compte, c'est l'effet que l'on veut obtenir et la façon d'utiliser ces moyens. Les volumes délivrés dans le délai imparti dépendent des arbitrages opérés.
Madame Raimond-Pavero, le travail en cours va augmenter pour accélérer et renforcer notre autonomie. Notre capacité à aboutir à une mobilisation commune - au-delà de la France - est un sujet important. La production d'armes hors des commandes passées est interdite par la loi. Nous ne pouvons donc en produire à l'avance s'il n'y a pas un contrat en face. Notre seule possibilité est de stocker des composants, qui devront ensuite être assemblés.
Monsieur Perrin, la lutte anti-drone, le sol-air basse couche (SABC) et l'hypersonique sont étroitement liés. Les menaces sont multiformes - cinétiques, électromagnétiques, combinées - et évoluent très rapidement. Pour y faire face, les éléments de la défense, dont les effecteurs, les détecteurs, les radars, les goniomètres, les lasers, les armes à énergie dirigée ou cinétique, les explosifs comme le missile « Mistral » doivent être très flexibles, agiles, et s'adapter en permanence. Selon la nature et l'endroit de la menace, des éléments différents de la gamme seront utilisés. A proximité d'une foule, par exemple, un procédé plus « chirurgical » sera préféré... Nombre de nos clients exports sont très intéressés par notre concept de Sky Warden.
Concernant le sol-air basse couche, notre système français repose sur le système « Crotale » et le « Mistral ». Le premier arrivera bientôt officiellement en fin de vie, mais le VL MICA pourrait jouer l'intérim, d'autant qu'il est déjà utilisé à l'export. À l'horizon 2030, il nous faudra renouveler notre capacité, en particulier pour prendre en compte les attaques saturantes. Nous y travaillons avec la DGA et Thalès.
Dans les couches supérieures, la France dispose, grâce à MBDA, de systèmes de défense anti-balistiques comme l'Aster ou le Mamba (déployé en Roumanie), fruit d'une coopération franco-italienne. Il faut se préparer à se défendre contre des attaques hypersoniques. Or, dans le cadre du Fonds européen de défense (FEDef) et de « Twister », nous avons proposé un programme Aquila, qui fédère plusieurs pays européens dont l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie et la France.
Saurait-on se défendre aujourd'hui contre des missiles hypersoniques ? La réponse précise appartient plus aux militaires qu'à moi. Je vous invite donc à leur poser directement cette question.