Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 1er juin 2022 à 10h00
Audition de M. éric Béranger président-directeur général de mbda

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Merci de cette présentation et de vos réponses.

Nous devrons effectivement avoir une réflexion sur le rôle de la France au sein de l'OTAN, organisation qui était décriée il y a deux ans. Sur la base des nombreux contacts que nous avons en ce moment avec les dirigeants des pays d'Europe centrale, il apparaît clairement que les circonstances lui ont redonné de la vigueur. Les regrets de ceux qui n'en font pas partie, à l'image de la Finlande et de la Suède, illustrent bien ce désir de protection. Notre message sur l'autonomie stratégique européenne a parallèlement perdu un peu de son attrait aux yeux de nos partenaires. Il faudra réfléchir à tout cela. La France ne pourrait-elle pas, ainsi que vous l'avez suggéré, mieux exploiter son rôle au sein de l'OTAN, au sein duquel 70 postes français restent non pourvus ?

Sur la défense anti-aérienne, la commission partage votre sentiment. Je soumettrai d'ailleurs prochainement l'idée d'un rapport spécifique sur cette question, compte tenu des questions légitimes que nous sommes en droit de nous poser sur notre propre sécurité. Les missiles sont bien à l'origine des premiers dégâts en Ukraine, et nous devons nous préparer à toutes les formes d'attaques, de missiles tirés de sous-marins par exemple.

Par ailleurs, l'irruption des drones dans les deux derniers conflits, au Haut-Karabakh et en Ukraine, entraînera la recherche et l'activation de dispositifs de combat pour s'en protéger. Une mission sénatoriale, sous la houlette de Gérard Larcher, s'est d'ailleurs rendue l'an passé en Arménie, dont 7 000 de ses citoyens sont morts à l'issue de 44 jours de combat en 2020.

Ces réflexions se posent également pour la Marine.

Sur la taxonomie, nous partageons votre sentiment : le Président de la République, qui assure la présidence française du Conseil de l'Union européenne, pourrait se saisir lui-même de la question, d'autant que les ONG qui poussent en ce sens, quoique toujours actives, sont un peu moins vocales depuis le début de la guerre en Ukraine.

Concernant le partenariat avec le Royaume-Uni, nous entendons plusieurs voix divergentes en ces temps de jubilé royal. Le désir de reprendre la coopération n'est en effet pas unanime.

Pour conclure, je tiens à insister sur le rôle du Parlement pour le complètement des stocks et la préparation des nouvelles armes, qui s'inscrivent dans le temps long, à l'horizon 2030. À l'exception des auditions et de nos contacts personnels, la représentation nationale est tenue à l'écart. Je le déplore à l'heure où les efforts financiers que vous nous suggérez de consentir nécessitent le soutien de l'opinion, par essence assez changeante. Les choix des militaires, évidemment les mieux informés, et les décisions de l'Exécutif doivent passer par le tamis des élus.

Nous pourrions travailler avec vous sur ces questions. Quoi qu'il en soit, nous dirons notre sentiment au nouveau ministre des armées, comme nous en avions fait part à Mme Parly au sujet de l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM). Il eût fallu un vrai débat pour que nous puissions servir de relais au profit de nos concitoyens !

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