Intervention de Mathieu Darnaud

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 8 juin 2022 à 11h15
Audition de M. Sébastien Soriano directeur général de l'institut national de l'information géographique et forestière ign sur les défis de l'ign à l'heure de la révolution numérique et du changement climatique

Photo de Mathieu DarnaudMathieu Darnaud, président :

Nous avons le plaisir de recevoir ce matin M. Sébastien Soriano, directeur général de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), pour un échange sur les grands défis d'une institution déjà ancienne, mais en même temps au coeur des bouleversements de notre époque. Si je mentionne deux de ces défis, le changement climatique et la révolution numérique, c'est une façon un peu simplificatrice de présenter les choses, mais au moins cela a le mérite de poser clairement le problème.

En 1688, le Dépôt de la Guerre, ancêtre de l'IGN, est né du besoin de disposer de cartes d'état-major pour la conduite des armées. Aujourd'hui, l'affaire du siècle, c'est le changement climatique, et plus généralement la question de l'impact des activités humaines sur l'environnement. Grâce à l'IGN, nous pouvons observer l'artificialisation des sols, l'état des ressources forestières, le déploiement de la 5G ou encore l'évolution des mobilités dans nos territoires. Ce ne sont là que quelques exemples parmi d'autres, et je suis sûr que vous saurez, Monsieur Soriano, nous montrer comment l'information géographique nous permet de mieux comprendre pour mieux agir.

Deuxième grand défi : la révolution numérique. Dans les années 1980, l'IGN a devancé la plupart des instituts étrangers dans le recours aux technologies numériques, et l'innovation n'a pas cessé depuis. Grâce au LIDAR, par exemple, nous aurons demain une carte de la France en trois dimensions.

Mais la révolution numérique, ce sont aussi - et peut-être surtout - les GAFA. Les données sont plus que jamais le nerf de la guerre, et la demande d'informations précisément situées dans le temps et dans l'espace est à la veille d'une réelle explosion, avec l'Internet des objets et l'arrivée de la voiture autonome. Dans ce nouveau monde, les véritables concurrents de l'IGN s'appellent Google, Apple, Facebook, Amazon ou encore Starlink - et leurs moyens sont sans commune mesure. D'où cette question, que je vous pose directement : que peut faire le Géoportail de l'IGN que ne peut pas faire Google Maps ? Et si l'IGN a une bonne idée, comment empêcher Google de proposer demain la même chose, en mieux, en plus ergonomique, en plus intégré à d'autres services ?

En d'autres termes : l'information géographique « souveraine » a-t-elle un sens, et a-t-elle un avenir ? Quel est son modèle économique à l'heure de l'open data, obligation effective depuis 2021 pour l'IGN ?

Derrière cette question, c'est un débat bien plus large qui s'ouvre : celui de la place du service public, de sa pertinence même, dans un monde bouleversé par la révolution numérique. Je ne doute pas que vous aurez aussi votre avis sur la question, Monsieur Soriano, vous qui avez été pendant six ans le président de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).

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