Intervention de Florence Lassarade

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 9 juin 2022 à 10h20
Examen d'un rapport d'étape sur les effets indésirables des vaccins contre la covid-19 et le système de pharmacovigilance français gérard leseul député sonia de la provôté et florence lassarade sénatrices rapporteurs

Photo de Florence LassaradeFlorence Lassarade, sénatrice, rapporteure :

La recherche a permis d'aboutir à un vaccin qui a suscité des espoirs formidables et permis de franchir une phase aiguë dramatique. Mais il est vrai que dans la temporalité, il est apparu au fur et à mesure de la modification du virus que le vaccin n'empêchait que partiellement la transmission, ce qui a causé une déception majeure et a fait dire à certains que ce vaccin n'était pas aussi efficace que ce à quoi l'on était habitué avec d'autres vaccins. Nous avions pour notre part clairement précisé dans notre premier rapport que rien n'indiquait que ce vaccin bloquait la transmission. Je me félicite que ceci ait été écrit noir sur blanc. La crédibilité des travaux de l'OPECST dépend aussi de cette rigueur scientifique.

Pour ce qui est de l'opposition au vaccin, on constate qu'elle compte tout d'abord les opposants classiques anti-vax, que nous connaissions dès le départ et dont il n'a été guère surprenant d'observer les manifestations parfois assez violentes. Lorsque l'on présente un nouveau vaccin, il faut savoir que l'on s'attend toujours à la survenue d'effets secondaires que l'étude clinique initiale ne permet pas nécessairement d'anticiper. Il existe parfois des effets inattendus, qui ont mobilisé la partie de la population qui n'était pas formellement anti-vaccins, mais s'est sentie quelque peu rejetée. Je pense en particulier aux troubles menstruels. Nous avons reçu des associations qui étaient dépitées de constater que ni les gynécologues, ni les médecins ne prenaient véritablement en compte ces effets secondaires dont ils disaient aux femmes qu'ils seraient bénins et réversibles, ce qui d'ailleurs était le cas pour la plupart. Je suis médecin et il me semble important de reconnaître la situation des personnes ayant eu à subir des effets graves ; mais je crois que la confiance ne peut persister que si l'on entend et prend en considération tous les effets, y compris ceux sans véritable gravité.

Moi qui suis pédiatre, j'ai pu constater avec de nombreux collègues, vaccinateurs ou pas, que la question de la vaccination chez l'enfant avait fait d'emblée l'objet d'un malentendu. Il a été très largement dit qu'il fallait vacciner les enfants pour protéger l'entourage et l'on s'est mis à vacciner collégiens et lycéens lorsqu'on a observé un ralentissement de l'adhésion de la population adulte au vaccin. Les médecins de l'enfance ont, par le biais du syndicat national des pédiatres français, refusé ce dogme de vaccination de l'enfant de 5 à 11 ans, qu'ils ne recommandent toujours pas. Je suis pour ma part partagée sur le sujet, dans la mesure où le bénéfice individuel est très réduit pour l'enfant. En effet, les effets secondaires de la maladie chez l'enfant, sous forme de PIMS, sont exceptionnels et peuvent être diagnostiqués et traités.

Un autre élément, que nous n'avons pas abordé aujourd'hui, est la possibilité de traitement de la maladie, qui peut modifier la stratégie vaccinale.

La déception majeure est venue de l'échappement progressif des variants au vaccin. J'ai ainsi attrapé le Covid à deux reprises, malgré trois doses de vaccin. Il est important d'expliquer le phénomène et de bien faire comprendre aux gens que si la vaccination n'empêche pas nécessairement l'infection, elle prévient la survenue de formes sévères et graves, qui peuvent conduire en réanimation, voire à la mort. Je pense qu'il reste encore à communiquer sur le sujet. Dans tous les cas, la transparence est toujours un atout.

Certains critiques de la campagne vaccinale nous ont montré des analyses avancées des données de pharmacovigilance, qui paraissaient scientifiquement solides mais qui partaient d'une mésinterprétation initiale biaisant le raisonnement. Il est important, dans ces situations, de bien comprendre et montrer ce qu'est une approche scientifique rigoureuse. Je ne suis pas certaine qu'un statisticien, si doué soit-il dans sa discipline, puisse devenir du jour au lendemain expert en vaccination. Ceci requiert de disposer de connaissances médicales et scientifiques sur la santé.

Je pense enfin qu'il faudra bien mettre en avant et expliquer la balance bénéfices-risques en fonction de l'âge. J'ignore si ceci ressort suffisamment dans le rapport, mais cet élément est très important. Il faut faire preuve de transparence à propos des différentes tranches d'âge.

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