co-rapporteur de la mission d’information sur l’état du patrimoine religieux. – Je m’exprimerai en mon nom et en celui d’Anne Ventalon, qui ne peut pas assister à notre réunion.
Nous partageons l’essentiel de votre constat. Le patrimoine français compte 100 000 édifices religieux, dont 40 000 sont encore utilisés. Parmi ces derniers, seulement 15 000 sont protégés. Je parlerai pour ma part, non pas de déchristianisation, mais plutôt de baisse d’une certaine pratique religieuse. On observe aujourd’hui, notamment depuis le covid, des formes de pratique qui ne passent pas forcément par le culte dans un édifice.
Le ministère de la culture a abandonné tout travail dans ce domaine, mais on estime que 2 000 à 3 000 lieux de culte ne font l’objet que d’une fréquentation très sporadique, voire inexistante.
Nous constatons qu’il existe aujourd’hui un consensus général, y compris du clergé, pour resocialiser ces édifices, c’est-à-dire pour y développer des activités qui permettent de justifier que l’on finance leur restauration.
Nous constatons aussi que la restauration de ces édifices ne relève plus de l’État. Les DRAC nous ont clairement indiqué qu’elles ne pouvaient plus apporter d’aide à la maîtrise d’ouvrage aux collectivités pour la restauration du patrimoine non protégé.
Nous espérons pouvoir démontrer qu’il peut toutefois exister des solutions reposant sur la coopération des communes et des départements, et quelques ressources budgétaires.
Le moment n’est-il pas venu de retirer la compétence relative à l’entretien du patrimoine à l’État, qui ne l’exerce plus, et de la transférer aux départements et aux communes ? Les départements pourraient notamment apporter une aide administrative aux communes pour solliciter des subventions, car elles existent.
Je vous remercie d’avoir évoqué les synagogues alsaciennes, car il s’agit d’un sujet majeur. Du fait du Concordat, elles appartiennent non pas aux communes, mais aux établissements publics du culte. Or les communautés juives, notamment dans le Haut-Rhin, n’ont plus les moyens d’entretenir ce patrimoine qui est peu à peu vendu et transformé, le risque étant qu’il disparaisse complètement. Dans notre rapport, nous entendons indiquer avec solennité qu’un effort de solidarité nationale est nécessaire pour sauver ce patrimoine.