rapporteur. – En matière de gouvernance du système de formation professionnelle et d’apprentissage, la place de France compétences fait l’objet de malentendus.
Le conseil d’administration de l’établissement, conçu comme une instance de gouvernance quadripartite, réunit des représentants de l’État, des organisations syndicales et patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel et des régions, ainsi que des personnalités qualifiées. Toutefois, cet organe est actuellement moins une instance de décision qu’un espace d’information et d’échanges, les décisions politiques étant prises en amont par l’État, ce qui est source de frustrations.
En tant que parties prenantes à la gouvernance et au financement de la formation professionnelle et de l’apprentissage, les partenaires sociaux et les conseils régionaux demandent légitimement à être davantage associés à la réflexion et aux décisions stratégiques.
Plutôt que de créer une nouvelle structure qui se superposerait à France compétences, nous préconisons d’associer de manière plus systématique les principaux acteurs de la formation professionnelle, dont les partenaires sociaux, à la définition des objectifs et des orientations stratégiques pour les atteindre, sous la forme de réunions avec le ministre du travail. Autrement dit, nous préférons mettre en place un « chevau-léger » plutôt qu’une « grosse cavalerie ». Ces réunions pourraient aboutir, à partir de diagnostics partagés, à la définition d’une trajectoire pluriannuelle de retour à l’équilibre financier du système. L’assemblée générale de France compétences, qui est plus large que le conseil d’administration et qui est actuellement peu mobilisée, pourrait voir son rôle renforcé en matière de discussion des orientations qui seraient ainsi définies.
Le conseil d’administration a mis en place des commissions spécialisées qui produisent, selon les organisations qui y sont représentées, des travaux intéressants qui ne peuvent pas suffisamment être exploités par les administrateurs. Il conviendrait de renforcer leurs moyens et de remonter plus systématiquement leurs travaux aux administrateurs en amont des délibérations.
Afin de responsabiliser les principaux acteurs, y compris l’État, il serait souhaitable que le conseil d’administration soit effectivement associé à la régulation financière du système. Or, le cadre réglementaire actuel ne le permet pas.
Tout d’abord, les administrateurs de France compétences doivent composer avec le fléchage réglementaire de certaines dépenses. En particulier, le montant de la dotation pour le financement de la formation des demandeurs d’emploi, affectée au plan d’investissement dans les compétences (PIC), a été fixé par décret pour les années 2019 à 2022.
En outre, France compétences n’a pas de marge de manœuvre sur les postes de dépenses qui relèvent d’une logique de guichet, comme les dotations pour l’apprentissage et le CPF.
Le cadre réglementaire actuel prévoit que le conseil d’administration de France compétences affecte le produit des contributions qui sont reversées à l’établissement aux différents dispositifs qu’il finance dans les limites de fourchettes prédéterminées, exprimées sous forme de pourcentage des ressources. Ce système a rapidement montré ses limites, si bien que les fourchettes initiales ont été élargies dès décembre 2020. Surtout, cet exercice restera vain tant que les recettes de France compétences seront insuffisantes pour financer les dépenses : en 2022, les seules dépenses liées à l’alternance pourraient représenter plus de 100 % des recettes.
Il ne paraît donc pas pertinent de maintenir la référence à des fourchettes. En revanche, le conseil d’administration devrait être en capacité de délibérer et de se prononcer par un vote sur un budget global.