rapporteure. – Par ailleurs, il serait légitime que les branches professionnelles soient associées au pilotage du système. La réforme de 2018 a conféré aux branches un rôle important en matière de fixation des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage comme en matière de certification professionnelle. Toutefois, celles-ci ne participent pas en tant que telles à la gouvernance de France compétences, puisque les partenaires sociaux sont représentés au conseil d’administration au niveau interprofessionnel.
Les relations entre France compétences et les branches apparaissent limitées et à sens unique. En pratique, l’opérateur s’adresse souvent aux OPCO lorsqu’un dialogue avec les branches est nécessaire.
Il paraît possible de mieux prendre en compte les particularités des branches professionnelles. Les principales branches pourraient ainsi être entendues une fois par an par la commission Recommandations de France compétences sur les orientations stratégiques de leur politique de formation. Il serait également opportun d’instituer un dialogue plus régulier et plus ouvert entre les services de l’établissement et les branches concernant la procédure de révision des coûts-contrats.
En matière de gouvernance territoriale, la réforme semble avoir complexifié la situation.
La réforme de 2018 revient pour une large part à un dessaisissement des régions. En matière d’apprentissage, celles-ci ont vu la majeure partie de leurs compétences transférées aux branches professionnelles et aux OPCO. Concernant la formation professionnelle, la loi confie toujours à la région une compétence d’organisation et de financement, qui s’apparente néanmoins à un rôle d’animation sans véritables prérogatives.
Les comités régionaux de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles (Crefop) restent les instances quadripartites de coordination locale. Ils fonctionnent de manière très variable selon les régions. En outre, il n’existe pas à ce jour de relation structurée entre les Crefop et France compétences, qui ne joue pas le rôle d’animation anciennement dévolu au Cnefop.
Les territoires et, plus spécifiquement, les bassins d’emploi sont néanmoins des échelons pertinents de définition des politiques en matière de formation professionnelle. Dans cette perspective, les Crefop devraient pouvoir disposer des études prospectives et des données, émanant notamment des branches, qui leur permettraient de produire une réflexion stratégique. Les priorités ainsi fixées par les Crefop pourraient servir de base à des expérimentations régionales menées avec le soutien de France compétences.
Les OPCO ont succédé aux organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) avec des compétences nouvelles. Ils ont également dû continuer d’assurer jusqu’en 2021, à titre transitoire, la collecte des contributions des employeurs à la formation professionnelle et à l’apprentissage. Ils ont ainsi été soumis, au cours de leurs premières années de fonctionnement, à des défis humains et organisationnels.
Bien qu’ils soient des opérateurs nationaux, les OPCO doivent pouvoir garantir des services de proximité aux entreprises et à leurs salariés. Leur présence dans les territoires est toutefois inégale. Nous considérons, au regard de l’exemple probant de l’OPCO des entreprises de proximité, que l’implantation locale des OPCO pourrait être développée à travers une présence opérationnelle, ainsi qu’une présence d’élus sous forme de commissions paritaires régionales.
Nos auditions ont fait apparaître que les OPCO tendent à se substituer aux branches comme interlocuteurs des pouvoirs publics, tandis que leur offre de services aux entreprises n’a pas encore trouvé le bon positionnement. Nous proposons que les OPCO soient recentrés sur leur mission première d’accompagnement des entreprises, ce qui pourrait passer par une modification de leur accord constitutif.