Intervention de Chantal Deseyne

Commission des affaires sociales — Réunion du 29 juin 2022 à 9h30
Lutte contre l'obésité — Rapport d'information

Photo de Chantal DeseyneChantal Deseyne :

rapporteur. – À chaque chose malheur est bon : l’épidémie de covid-19 aura au moins eu le mérite de rappeler l’importance du surpoids et de l’obésité, qui figurent parmi les premières comorbidités associées au virus.

Du fait que le phénomène nous touche relativement moins que d’autres et qu’il semble se stabiliser, nous pourrions être tentés de nous en accommoder. Or l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas tort de renouveler ses alertes, car les conséquences sanitaires, sociales et économiques de la surcharge pondérale se payent cher, et pendant longtemps. À ce propos, et s’il faut vraiment les chiffrer, rappelons que le ministère de l’économie, en 2012, avait estimé à 20 milliards d’euros le coût social du surpoids, comparable à celui du tabac ou de l’alcool.

Le dernier rapport spécifiquement consacré à la question par le Sénat datant de 2005, nous avons souhaité faire un nouvel état des lieux du problème. Depuis janvier dernier, nous nous sommes donc attelées à réunir des éléments permettant de dresser un constat de la situation aussi complet que possible, de produire une analyse de ses causes et de dégager des solutions. Notre travail appelle trois observations préalables.

Tout d’abord, nous avons choisi d’aborder ce sujet, très vaste, sous l’angle prioritaire de l’alimentation, donc de la prévention du surpoids et de l’obésité par la politique nutritionnelle. Nous n’avons pas abordé avec le même souci de précision tous les aspects du problème : ainsi, la prise en charge sanitaire, l’activité physique ou la lutte contre les discriminations mériteraient sans doute des développements spécifiques.

Ensuite, le phénomène étant mondial, nous avons voulu examiner de plus près un certain nombre d’expériences étrangères. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité attirer votre attention sur le dernier rapport de l’OMS relatif à l’obésité en Europe. Nous avons en outre examiné les dispositifs britanniques de fiscalité progressive sur les boissons sucrées ou d’encadrement réglementaire des quantités achetées ou du positionnement des produits dans les magasins.

Nous avons enfin regardé avec intérêt l’exemple chilien, en auditionnant M. Guido Girardi, médecin, ancien président du Sénat chilien et auteur de la proposition de loi d’opposition devenue depuis 2016 le dispositif modèle en Amérique du Sud. Parlementaire d’un pays où un tiers des enfants sont en surpoids avant d’entrer à l’école primaire, M. Girardi a dû mener ce qui s’apparente à un véritable bras de fer contre l’industrie agroalimentaire au Chili.

Enfin, nous avons retiré de nos auditions une conviction transversale : l’autonomie des individus dans le changement de leurs comportements alimentaires est limitée ; la lutte contre le surpoids et l’obésité implique par conséquent moins de responsabiliser nos concitoyens que de réunir pour eux les conditions d’un environnement plus sain.

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