Je serai plus mesuré, car je ne veux pas céder au catastrophisme ou au désespoir. Le premier candidat écologiste à l'élection présidentielle, René Dumont, lançait déjà l'alerte en 1974 sur ces sujets. Engagé depuis toujours sur ces questions, j'ai pu mesurer le chemin parcouru : la prise de conscience est réelle, de fortes actions sont engagées, comme votre rapport en témoigne. Les données sont intégrées par le plus grand nombre ; depuis plusieurs mois, je constate que l'audiovisuel public s'en empare. Plus de 2 millions de téléspectateurs ont suivi l'émission de vulgarisation de Jamy Gourmaud sur l'érosion du trait de côte !
Ce n'est pas en montrant des graphiques que l'on convaincra le grand public de changer ses comportements, mais avec de la pédagogie. La question des ressources est liée à la démographie galopante à l'échelle planétaire, vous l'avez rappelé, mais une famille américaine ou, à une moindre mesure, française, consommera toujours plus qu'une famille nigériane, même si celle-ci a dix enfants.
Surtout, il faut envoyer un message d'espoir à notre jeunesse. Aux dernières élections, 70 % des 18-35 ans se sont abstenus ; peut-être considèrent-ils que c'est trop tard, que rien n'est fait en dépit des alertes que vous lancez. Alors, il faut continuer à interpeller et à sensibiliser, mais aussi donner des motifs d'espérer à nos jeunes, en insistant sur la possibilité d'un changement. C'est ce à quoi je vous invite, dans l'esprit de l'ouvrage d'Antoine Pelissolo et Célie Massini Les Émotions du dérèglement climatique. Nous pouvons reconnaître que beaucoup reste à faire, que c'est compliqué, sans tomber dans le désespoir qui afflige de nombreux jeunes, comme ceux qui renoncent à avoir des enfants par peur de l'avenir. Nous avons une responsabilité en la matière.