– Nous avons bien caractérisé aujourd’hui la principale population à risque, les HSH multipartenaires, mais nous restons vigilants afin de détecter d’éventuelles modifications, notamment l’apparition de cas chez des femmes, des enfants ou des travailleurs du sexe par exemple.
Mme Laurence Cohen. – On a l’impression que vous maîtrisez tout, que vous avez tout anticipé, mais on ne dispose d’aucun chiffre. Nous sommes obligés de vous croire sur parole !
Il ne me semble pas que l’argument du secret-défense ait été invoqué dans le cadre de la pandémie de covid. Pourquoi l’invoquer pour cette épidémie ?
Vous avez dit que la variole du singe n’est pas une IST, mais qu’elle s’en approchait. Pourriez-vous nous donner des précisions ?
Aujourd’hui, soixante-dix centres de vaccination sont ouverts, mais disposeront-ils des doses nécessaires ?
La France est-elle en capacité de produire les vaccins ? Quels laboratoires les fabriqueront ?
Mme Véronique Guillotin. – Faisons-nous face à une endémie, une épidémie ou surveille-t-on uniquement des cas sporadiques ?
La maladie est transmise par le rongeur à l’homme. Cela suppose-t-il une morsure ? Des mesures de prévention pour les métiers exposés aux rongeurs ? La transmission interhumaine se fait-elle par contact ou par les secrétions génitales ? S’agit-il d’une IST ? Faut-il prévoir une prévention spécifique ?
Mme Mélanie Vogel. – J’ai moi aussi du mal à comprendre l’argument du secret-défense. On ne vous demande pas combien de vaccins sont stockés pour nous protéger d’une éventuelle attaque biologique qui mettrait en péril la sécurité nationale ! J’espère d’ailleurs que les vaccins utilisés ne réduisent pas nos capacités à nous défendre en cas de guerre biologique...
Pourriez-vous nous dire combien de doses vont être destockées dans les semaines et les mois à venir ? Le problème, c’est qu’il n’y a pas de rendez-vous disponibles dans les centres de vaccination. Si ce n’est pas un problème de stocks, comment expliquer cette situation ? À quelle échéance le problème sera-t-il résolu ?
Pourquoi la-France ne participe-t-elle pas aux achats groupés à l’échelle européenne ? Est-ce que cela a un rapport avec nos difficultés à assurer la vaccination ?
Quel est le niveau de protection contre la variole du singe des personnes qui ont été vaccinées contre la variole avant 1984 ?
Comment gérez-vous les contacts avec les patients à l’isolement, mais qui ne sont pas hospitalisées ?
Enfin, cette maladie n’est pas à proprement parler une IST, mais elle touche une communauté en particulier. Je m’inquiète des risques de stigmatisation. Une communication est-elle prévue sur ce sujet pour éviter des violences et des attaques contre cette communauté ?
– Une IST stricto sensu est liée à un agent pathogène retrouvé dans les secrétions génitales. Quelques publications font état de la présence d’ADN viral dans le sperme, mais s’agit-il pour autant d’un virus infectieux ? Cela reste à prouver. La définition de l’Organisation mondiale de la santé est plus large : est considérée comme une IST toute infection qui se transmet lors de rapports sexuels non protégés, c’est-à-dire non protégés par un préservatif externe ou interne.
Si on qualifie le monkeypox d’IST, on va laisser penser que le port d’un préservatif protège de la maladie, ce qui n’est pas le cas. C’est une infection qui se transmet principalement par des contacts directs, de peau à peau, avec un patient porteur de lésions.
Ni le CDC ni l’OMS ne considèrent l’infection à monkeypox comme une IST, mais nous sommes tous d’accord sur le fait qu’elle peut se transmettre lors de rapports intimes entre personnes. De ce fait, ce n’est pas une maladie spécifique de la communauté homosexuelle masculine, même si elle est la principale population à risque. Nous restons vigilants sur la détection de cas qui se transmettraient dans les mêmes circonstances, mais dans d’autres populations.
Il s’agit clairement d’une épidémie, qui se concentre dans la population homosexuelle masculine, avec de rares cas chez des femmes et des enfants.