Nous avons consolidé l’espace Schengen, tout d’abord en réaffirmant son pilotage politique par la création d’un conseil des ministres Schengen qui se réunira régulièrement, puis en revoyant les règles qui régissent la gestion des frontières internes et externes de l’Union.
Chacun le sait, aucune réponse nationale n’est suffisante pour faire face au défi migratoire ; la réponse est forcément aussi européenne, dès lors que nous partageons un même espace de libre circulation pour nos citoyens.
Au sein de l’Union européenne, la seule réponse efficace est celle de la responsabilité renforcée des pays de première entrée, qui doit, bien sûr, aller de pair avec la solidarité des autres États membres.
Vis-à-vis des pays tiers, singulièrement des pays d’origine, il faut privilégier une approche équilibrée : poursuivre nos efforts en matière de développement. En effet, on le sait bien, c’est l’absence de perspectives économiques à laquelle font face les habitants des pays les moins développés qui constitue l’une des principales causes des migrations, en poussant ces derniers à entreprendre leur voyage.
Cette politique n’exclut nullement la fermeté dont il faut savoir faire preuve, par exemple lorsque certains pays tiers refusent de réadmettre sur leur territoire certains de leurs ressortissants entrés illégalement en Europe et n’ayant pas, selon notre droit, vocation à l’asile.
C’est cette logique fondée sur le respect de ces équilibres indispensables qui nous a permis de réaliser, en juin dernier, d’importantes avancées, en particulier pour mettre en œuvre un contrôle renforcé des migrants à leur arrivée sur le territoire européen.
Enfin, la présidence française de l’Union européenne a contribué à alimenter les travaux de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Nous avons invité les citoyens à écrire le prochain chapitre de notre Union dans le cadre d’un exercice participatif inédit.
Les membres du Gouvernement sont allés à la rencontre des Françaises et des Français dans toutes les régions entre mai 2021 et mai 2022 pour recueillir leurs propositions. Ces dernières ont été présentées le 9 mai dernier – le Président de la République les a évoqués – et doivent désormais trouver une traduction concrète. Il s’agit de l’une des priorités de la présidence tchèque, qui prend le relais de la nôtre, à laquelle la France prendra naturellement toute sa part.
Enfin, quatrième et dernier volet de notre présidence, il nous faut aujourd’hui créer les conditions de notre indépendance et de notre prospérité avec nos partenaires à l’extérieur de l’Europe. C’est une évidence : une part de notre avenir se joue dans notre capacité à renforcer nos partenariats avec les grandes régions d’un monde marqué par des interdépendances et plus que jamais globalisé.
Je pense en premier lieu à l’Afrique, continent que nous avons mis au cœur de notre présidence avec le sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février dernier. Nous y avons lancé un projet de refondation du partenariat entre l’Europe et l’Afrique, centré sur les questions économiques, mais aussi sur la formation et de la jeunesse. Nous continuerons bien sûr à nous impliquer sur ce dossier, afin d’en assurer la mise en œuvre – la Première ministre l’a elle-même mentionné lors de son discours de politique générale.
Je pense également à l’Indopacifique, région où la France est présente, région vitale pour nos exportations et nos approvisionnements, mais région qui fait face à la pression croissante de la Chine. C’est une nécessité absolue pour notre pays que de s’y investir, non seulement pour préserver son statut de puissance et nation du Pacifique, grâce à la force de ses territoires ultramarins, mais aussi pour garantir les grands équilibres du monde.
C’est pourquoi nous avons organisé à Paris, le 22 février dernier, le tout premier forum ministériel Union européenne-Indopacifique, qui a permis d’avancer de manière très concrète dans trois domaines : la sécurité et la défense, la connectivité et le numérique, enfin les enjeux globaux. Je me félicite que l’Union européenne ait adopté une stratégie ambitieuse pour cette région clé, dans laquelle une partie de notre avenir se joue. Là encore, la présidence tchèque prendra le relais de l’action que nous avons engagée.
Je pense également, bien sûr, au partenariat transatlantique. Nous savons qu’aucun des grands défis, qu’ils soient numériques – j’en ai beaucoup parlé –, écologiques, commerciaux ou internationaux ne pourra être réglé sans une coopération étroite entre l’Europe et les États-Unis. Ces derniers mesurent aujourd’hui, je crois, combien l’Union européenne peut également être utile aux équilibres du monde.
À cet égard, je me félicite que, sous la présidence française, le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui s’est tenu il y a quelques semaines, ait permis une meilleure appréciation par nos amis et nos alliés de la contribution de l’Union européenne à leur défense et à leur sécurité.
Le concept stratégique, adopté lors du sommet de Madrid, reflète cette complémentarité et cet équilibre. Vous vous prononcerez prochainement, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, sur la ratification de l’accord autorisant l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique, un choix qui était celui de ces pays. Cette adhésion renforcera notre sécurité collective, comme la place des Européens au sein de l’Alliance.
Je souhaite évoquer une dernière région, celle des Balkans occidentaux, région stratégique et encore trop troublée, que l’on ne doit pas laisser dériver loin de la famille européenne, a fortiori dans un contexte où des puissances tierces n’hésiteront pas – on le voit déjà – à occuper les vides politiques et stratégiques que nous aurions laissés se développer.
Les pays de la région sont sur le chemin exigeant et difficile de l’adhésion. Leur marche dépend avant tout d’eux-mêmes, mais notre intérêt est de les accompagner : c’est pourquoi nous avons organisé, en marge du Conseil européen des 23 et 24 juin, une réunion avec les chefs d’État et de gouvernement des Balkans occidentaux, afin de réaffirmer leur perspective européenne et de rappeler que, si la marche à suivre est claire de notre côté, elle doit l’être aussi du leur – vous connaissez les difficultés de quelques pays à régler leurs sujets bilatéraux.
Ces succès, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais aussi dire à qui nous les devons : d’abord, bien sûr, au Président de la République