Il faudra en tirer tous les enseignements. En effet, on ne saurait se contenter d’affirmer qu’il s’agit là d’une exception qui ne se reproduira jamais. Il y va de l’efficacité de notre politique d’asile.
De son côté, depuis 2014, l’Ukraine paye au prix fort le fait d’avoir choisi la voie européenne. Depuis longtemps, les pays des Balkans ont eux aussi fait le choix de l’Europe, mais l’élargissement de l’Union européenne n’avance pas.
Il est heureux que cette présidence ait permis d’affirmer, même si c’est dans un contexte particulièrement tragique, la candidature de la Moldavie et de l’Ukraine à l’Union européenne, tout en dynamisant la candidature de plusieurs pays des Balkans occidentaux. J’en suis convaincu : aujourd’hui, pour renforcer l’esprit européen, il est absolument nécessaire de répondre à ces peuples qui considèrent le projet européen comme le leur, qui comptent sur lui pour assurer leur développement et améliorer leur gouvernance.
À cet égard, j’éprouve deux inquiétudes.
La première porte sur l’État de droit. Pour tenter d’obtenir un accord quant à la fiscalité minimum des multinationales, l’on a fait un certain nombre de concessions à la Pologne. Or il n’est pas possible de transiger sur l’État de droit ; il n’est pas possible de négocier telle taxation contre telle disposition du plan de relance, sans examiner comment la justice fonctionne dans les pays concernés.
Dans des pays qui refusent le parquet européen et qui ne disposent pas d’une justice indépendante, nous ne pouvons pas accepter la mise en œuvre du plan de relance européen sans le moindre contrôle.
Je termine en évoquant le budget et l’économie européenne. Le plan de relance, qui consiste à endetter l’Europe pour faire des plans nationaux – ce devait être un moment hamiltonien –, reste aujourd’hui un one shot. Or, parce qu’il faut reconstruire l’Ukraine, parce qu’il faut réussir la transition écologique, nous avons besoin de disposer de ressources propres et de transformer ce plan de relance, dans une démarche significative et de long terme, pour doter l’Europe d’une économie forte et attractive.