Intervention de Didier Marie

Commission des affaires européennes — Réunion du 21 juin 2022 à 16h00
Voisinage et élargissement — Perspectives d'élargissement de l'union européenne - communication

Photo de Didier MarieDidier Marie, rapporteur :

À l'origine, notre mission était de faire un point sur les démarches de rapprochement des Balkans occidentaux et de regarder la situation pays par pays. Les Balkans occidentaux font géographiquement, culturellement et historiquement partie de l'Europe. Leur place géopolitique est importante.

Tandis que les demandes d'adhésion et les phases de négociation piétinent, d'autres avancent. On peut penser à l'expansionnisme économique chinois, mais je pourrais également évoquer la Turquie ou, évidemment, la Russie.

Comme le soulignait Pierre Laurent, nous assistons à une accélération de l'histoire. Elle est le fait de la guerre, mais aussi de la prise de conscience par les Européens du rôle géostratégique de cette partie de l'Europe et de la nécessité de débloquer tous ces processus. En 2020, sur l'initiative de la France, une nouvelle méthode a été mise en oeuvre pour tenter d'accélérer les négociations en les rendant plus politiques, plus pragmatiques, plus efficaces. Cela s'est assorti d'une augmentation des moyens consacrés aux étapes de préadhésion, qui ont été portés à plus de 9 milliards d'euros dans la nouvelle planification budgétaire des cinq ans à venir.

Cela étant, il n'y aura pas un processus d'adhésion parallèle pour l'ensemble des demandeurs. Les choses vont se faire progressivement. Certains, comme l'Albanie et la Macédoine du Nord, sont très avancés ; il faut maintenant ouvrir les négociations d'adhésion, même s'il reste un blocage entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie, ainsi que quelques sujets à régler avec l'Albanie. Pour les autres, cela prendra beaucoup plus de temps.

Plusieurs intervenants l'ont souligné, tout cela interroge évidemment le fonctionnement de l'Union européenne. On ne peut pas poursuivre une politique d'élargissement sans s'interroger sur l'approfondissement. La question du fonctionnement et des traités actuels sera nécessairement posée. Je pense notamment à la règle de l'unanimité : si l'on intègre de nouveaux pays, l'Union européenne sera définitivement bloquée et ankylosée.

Encore une fois, l'accélération est liée à une situation d'urgence, avec l'agression de l'Ukraine par la Russie, mais aussi à l'intérêt géostratégique pour l'Europe d'intégrer d'une manière ou d'une autre, le plus rapidement possible, des pays qui font partie de l'Europe.

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