Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 mai 2022 à 15h00
Situation en ukraine — Audition de s.e.m. étienne de poncins ambassadeur de france en ukraine

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Monsieur l'ambassadeur, merci de vous être rendu disponible pour cette audition.

Je rends tout d'abord un hommage vibrant, sincère et chaleureux au nom de l'ensemble des membres de la commission à votre action depuis le déclenchement de la guerre le 24 février dernier. Votre attitude, vos décisions, la manière dont vous avez sauvegardé les intérêts de la France et des Français méritent toute notre reconnaissance.

Transmettez également notre reconnaissance à l'ensemble des collaborateurs de votre ambassade qui font honneur à la France dans une situation très complexe, alors que Kiev subit encore des bombardements, malgré le repli des forces russes.

Après vous être déplacé pendant quelques semaines à Lviv - le départ d'une ambassade ne doit pas être un moment agréable - vous êtes revenu hisser le drapeau tricolore dans la capitale ukrainienne le 15 avril, ouvrant d'ailleurs la voie au retour de plusieurs ambassades européennes.

Quels sont les moyens dont vous disposez aujourd'hui ? Ces moyens sont-ils suffisants ? Tous les agents de l'ambassade ont-ils pu rester sur place ? Concrètement, comment vivez-vous la guerre au jour le jour ? Comment maintenez-vous des contacts diplomatiques pour jouer votre rôle ?

Nous savons que notre diplomatie travaille avec des moyens qui n'ont cessé de se réduire. Compte tenu du budget total de l'État, les économies réalisées sont minces, mais leurs effets en termes d'influence sont potentiellement désastreux pour la France. Nous n'avons de cesse de dénoncer cette situation. Dans quelques mois, la commission s'exprimera en adoptant un rapport sur la suppression du corps diplomatique, qui est intervenue par décret, entre les deux tours de l'élection présidentielle... Ce n'est pas le sujet du jour, bien sûr, mais nous tenons à exprimer notre solidarité avec le corps diplomatique.

Vous nous parlerez de l'action de la France en Ukraine, qui est multiforme. Elle se décline d'abord, bien sûr, sur le plan diplomatique. Le Président de la République est fréquemment en contact avec le président ukrainien. La France aide aussi l'Ukraine d'un point de vue financier, humanitaire, militaire. Une mission d'investigation de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a été envoyée sur place pour documenter les crimes de guerre qui ont été commis.

Rencontrez-vous des difficultés particulières dans le déploiement de ce soutien inédit ? Quelles sont vos relations avec vos homologues européens et avec les autorités ukrainiennes ?

Enfin, nous sommes particulièrement intéressés par votre analyse de la situation intérieure. Les Ukrainiens semblent galvanisés, affrontant cette guerre de façon héroïque et n'envisageant plus rien d'autre que la victoire. Mais leur moral ne risque-t-il pas d'être atteint par l'enlisement du conflit et par l'ampleur des crimes commis par les Russes contre les populations civiles ? Celles et ceux, dont je suis, qui ont eu l'honneur d'accueillir des réfugiés, des femmes et des enfants, ont écouté leurs récits avec beaucoup d'effroi. Un compromis avec les Russes vous semble-t-il encore possible ?

L'union sacrée semble toujours de mise en Ukraine ; mais des divisions ne risquent-elles pas d'apparaître au sein de la population ukrainienne et de sa classe politique, divisions qui existaient avant la guerre ? Quel est, en particulier, l'état d'esprit de la population russophone, composante importante de ce pays ?

Enfin, dès le début de la guerre, l'Ukraine a transmis une demande d'adhésion à l'Union européenne. Les États membres devront décider de lui attribuer ou non le statut de « pays candidat ». Quel est votre sentiment à ce sujet ? Le processus d'adhésion se déroule au regard de critères politiques, économiques et juridiques dont l'Ukraine semble assez éloignée aujourd'hui. Où en est la lutte contre la corruption qui gangrenait une partie de l'activité politique avant la guerre ?

Nous avons évoqué avec vous et le président du Sénat une visite parlementaire, sous un format à déterminer, qui ne pourrait se faire que sur invitation de la Rada. Nous sommes à votre disposition, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider. Le combat est juste. Dans cette guerre, il y a un agresseur et un agressé, contrairement à ce que certaines autorités spirituelles peuvent laisser entendre.

Recevez encore toute notre reconnaissance et notre estime pour votre action.

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