Mes chers collègues, nous avons le plaisir de recevoir ce matin Christel Colin, directrice des statistiques démographiques et sociales à l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), pour évoquer les grands enjeux démographiques de notre pays, d'ici à vingt, trente, voire cinquante ans.
Avec cette audition, nous achevons en quelque sorte notre cycle de « mise en prospective » de la France, commencé avec Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Institut français d'opinion publique (Ifop), et poursuivi avec Sébastien Soriano, directeur général de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN). Après les volets sociologie et géographie, nous abordons maintenant le volet démographie : l'ensemble peut donc se voir comme un triptyque.
Nous nous concentrerons aujourd'hui sur l'évolution de la population en France. Quelques tendances semblent d'ores et déjà se dessiner. Ainsi, en 2070, la population française devrait être à peu près la même qu'aujourd'hui - autour de 68 millions d'habitants d'après les dernières projections de l'Insee. Certes, nous serons sans doute à peu près aussi nombreux qu'aujourd'hui, mais nous serons beaucoup plus vieux, avec presque 30 % de plus de 65 ans, contre 20 % actuellement ; le nombre des décès dépassera celui des naissances dès 2035. Derrière ce vieillissement général, il y a bien sûr de multiples facteurs - taux de fécondité, immigration, etc. -, mais aussi de nombreuses hypothèses, de solides incertitudes et d'immenses conséquences. C'est de tout cela que nous allons parler ce matin.
Nous le ferons avec un souci du temps long, mais aussi avec un souci des territoires : le Sénat est ici doublement dans son rôle. Au-delà des grandes tendances qui se dessinent à l'échelon national, c'est aussi leur déclinaison à l'échelon local qui nous intéresse - dans nos régions, dans nos départements, en ville comme à la campagne, en métropole comme en outre-mer. Pour le dire autrement, les projections de l'Insee sont un travail précieux pour chacun d'entre nous ici, en tant que législateur, mais aussi bien souvent en tant qu'élu local, et tout simplement en tant que citoyen.
Le spectre est large, mais le temps est compté : je laisse donc sans plus attendre la parole à Christel Colin.