Merci pour votre témoignage.
Un mot en réponse à notre collègue López Aguilar sur l'importance de la diplomatie parlementaire. Vous êtes dans une maison qui pratique la diplomatie parlementaire de façon intense, et ce pour une raison structurelle : comme dans beaucoup d'autres pays à travers le monde, notre commission est à la fois compétente en matière d'affaires étrangères et de défense, ce qui n'est pas le cas de nos collègues de l'Assemblée nationale.
Le Parlement, en France, n'a pas exactement les mêmes pouvoirs que dans certains autres pays - je pense notamment à l'Allemagne et à l'Espagne -, mais la situation politique actuelle va conférer un rôle nouveau à l'Assemblée nationale tout autant qu'au Sénat, qui va passer pour un véritable îlot de sérénité !
Nous militons quoi qu'il en soit en faveur du développement de la diplomatie parlementaire, qui permet - et je le vis tous les jours - de dire des choses que ni nos ministres ni nos ambassadeurs n'ont la possibilité de dire. Nous l'avons récemment constaté lors d'un déplacement que j'ai réalisé avec plusieurs de mes collègues en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, où nous étions la première mission parlementaire à entrer depuis des années. Ceci nous donne une liberté de parole qui permet d'évoquer un certain nombre de sujets.
Vous avez d'autre part évoqué l'attention que nous devons porter à la Chine. On le voit encore ces jours-ci, le simple fait qu'une mission de Taïwan soit présente à Paris nous ayant valu des courriers de protestation de la part de l'ambassadeur de Chine.
Nous avons accueilli ici l'envoyé spécial de Xi Jinping, qui est venu calmer le jeu, car la Chine ne peut se fâcher avec un marché de 500 millions de personnes, ni nous provoquer. Cela reste toutefois un sujet important.
Les échanges entre le Parlement européen et les parlements nationaux sont essentiels. Nous échangeons très librement, dans le respect des sensibilités de chacun mais, de surcroît, la montée en puissance des institutions européennes nécessite que nous ayons un retour.
Je pense que nous pourrions organiser ces échanges, qui sont importants pour nous, avec plus de régularité. L'Europe est interpellée. On ne pensait pas que ce temps de guerre puisse revenir. On s'était installé dans la paix. Or nous connaissons de grandes difficultés en matière de défense en termes de munitions et d'armement. Nous n'avions pas émis l'hypothèse de nous retrouver à nouveau projetés dans ces circonstances.
Arnaud Danjean l'a dit : c'est le moment idéal pour une prise de conscience des opinions européennes. Ce sera le cas de la future loi de programmation militaire, qui va arriver après celle qui vient de se dérouler dans de bonnes conditions globalement. Je crois qu'il faut profiter de ces moments pour faire les bons choix pour les générations futures.
On assiste manifestement à une confrontation très forte entre deux systèmes de pensée. On peut se demander ce qui s'est passé dans la tête de M. Poutine, qui va mettre son pays au ban d'un certain nombre de nations pendant 20 ou 30 ans, tout cela pour un Donbass qui, globalement, ne sautait pas aux yeux par son importance stratégique.
Derrière tout cela, ce sont deux modes de pensée qui s'affrontent. Le nôtre, auquel nous sommes très attachés, fait appel à un strict respect des libertés, de la démocratie, de l'individu. L'autre nie toutes ces notions. Des sénateurs russes m'ont affirmé que la démocratie parlementaire était un système totalement dépassé. Lorsque des parlementaires vous tiennent ce langage, cela effraye, mais cela oblige aussi à réfléchir. Je crois qu'il faut que nous soyons tous solidaires des valeurs démocratiques que nous défendons, qui sont en danger.
Certes, 140 pays ont soutenu aux Nations Unies les résolutions relatives aux sanctions, mais 2,5 milliards de personnes ne soutiennent pas ce dispositif et s'en moquent d'ailleurs totalement, parmi lesquelles certains alliés très proches, comme le Maroc ou la Côte d'Ivoire, qui disent ne pas être concernés par ces problèmes. Nous devons donc favoriser une importante prise de conscience.
Je vous remercie encore une fois de votre présence. Nous ferons en sorte de nous revoir, soit à Strasbourg, soit à Bruxelles. Ce sont des missions nécessaires, car on sent que les logiciels vont être remis à zéro et que les esprits vont tirer les conséquences de ce qui se passe. Il existe aujourd'hui un formidable désir de sécurité qu'on croyait réservé aux pays les plus à l'est de l'Union. Or on s'aperçoit que les choses se passent à 3 heures de Paris et que cela pourrait aussi nous arriver. On ne peut passer tout cela par pertes et profits.
Nous approuverons demain en séance le traité d'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, qui a été adopté à la quasi-unanimité ce matin par notre commission, à l'exception de nos collègues communistes, et de trois abstentions dans les autres groupes.
Je vous remercie.
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