Je tiens à exprimer ma satisfaction : cette audition est digne d'une présentation du budget, et vous avez intégré très rapidement tous les enjeux, ce qui nous change par rapport aux deux précédents ministres !
Le précédent quinquennat a été marqué par le rejet, par le Sénat, de la déclaration du Premier ministre relative à l'actualisation de la LPM, ce qui est rare : s'opposer à nos armées n'est pas dans l'habitude de la maison.
Je prends note de ce que vous avez dit concernant le travail à mener avec le Parlement, mais Mme Parly avait dit la même chose. Vous avez évoqué le manque de réaction de tous les partis politiques face à la mise en scène du charnier de Gossi par Wagner. Mais, après le bombardement du village de Bounti, nous avions écrit au président pour que Mme Parly vienne s'expliquer. Si vous voulez que l'on soutienne notre armée - ce que nous faisons, évidemment -, il faut avoir un minimum de respect à l'égard du Parlement ! Il faut nous associer, nous expliquer, éventuellement confidentiellement, auprès d'un représentant par groupe, si des choses ne doivent pas être divulguées. Nous avions fait des propositions à Mme Parly, mais nous étions restés au même point... Chat échaudé craint l'eau froide : nous n'avons pas beaucoup bougé concernant Gossi.
Le Président de la République a d'abord parlé d'une réactualisation de la LPM, puis d'une nouvelle LPM. Mais quelle sera la coordination entre les deux lois de programmation militaire votées en 2019 et en 2025 ? C'est maintenant qu'il faut monter en puissance, et que de gros efforts financiers doivent être faits ! Vous venez de parler du service de santé des armées, qui est très important et ne peut pas rester en l'état, et vous avez indiqué qu'il fallait réinvestir sur de nombreux points. Je ne sais pas avec quels moyens, et je vous souhaite du courage pour la négociation du budget ! Il nous faudrait travailler avec vous sur un bilan réel de la LPM en cours.
Vous avez évoqué le service national universel. Quels moyens le ministère des armées pourra y consacrer, et quels seront les objectifs ? J'ai lu votre déclaration sur le service militaire adapté (SMA). J'avais tenu à installer le premier service militaire volontaire (SMV) à Metz. Pour les armées, le SNU va être important. À effectifs et moyens constants, je ne vois pas comment poursuivre les autres formations et le mettre en place. Pourriez-vous nous faire un premier bilan du SNU ? Si l'on écoute les médias, on a l'impression que, dans un premier temps, il s'agissait d'une colonie de vacances, puis qu'il ne s'agissait pas d'une vraie préparation militaire pour les réservistes.
Concernant l'Ukraine, l'opinion publique a l'impression que nos armées ne résisteraient pas plus de quinze jours en cas d'invasion. Comment comptez-vous rassurer la population et rétablir la confiance des Français dans les armées - nous avons bien vu, avec la police, que ce n'était pas facile à faire ?