Certains de ces sujets méritent des auditions entières. Monsieur Bonneau, sur la présence militaire en Afrique, le tournant n'est propre ni au seul Mali ni aux seuls Français. Les États amis doivent formaliser leurs besoins, et dire ce qu'ils attendent de nous : il ne doit pas y avoir de malentendu. C'est comme cela que l'on respecte la souveraineté, et que les partenariats peuvent être de très grande qualité. Tel est le message porté au président Bazoum ainsi qu'au président Ouattara en fin de semaine dernière.
Par ailleurs, la présence française ne peut pas être que militaire. Au sein de l'État, nous devons nous coordonner avec l'Agence française de développement (AFD), avec les politiques culturelles, sportives, énergétiques, ou encore autour de l'accès à l'eau potable, car la présence française en Afrique ne doit pas être réduite à la seule présence militaire. L'agenda est lourd, mais j'y crois énormément. Il faut parler entre États et entre parlements, mais il faut aussi parler à la population. Je vous propose d'emmener un certain nombre de parlementaires lors de mes déplacements en Afrique, car les parlementaires africains doivent discuter avec leurs homologues français, et vous devez expliquer les mesures que vous avez votées. C'est important : quand on perd les coeurs, on finit par perdre les foules.
Je ne reviens pas sur ce qui a été dit sur les munitions, mais beaucoup de contre-vérités circulent dans la presse : Mme Mirallès n'a jamais écrit dans son rapport d'information à l'Assemblée nationale que nous ne disposions que de trois jours de stocks de munitions ! Nous devons faire un retour d'expérience, mais dire que tout n'est pas parfait ne veut pas dire que nous avons des problèmes de stocks. Il ne faut pas mélanger les munitions individuelles, les roquettes, les munitions air-air, sol-air, sol-sol... Nos grands chefs militaires ne sont pas des incompétents et des incapables, et il faut faire attention à ce qui se dit ! Nous pouvons discuter de l'argent attribué à ces stocks, et de leur usage : il s'agit de discussions stratégiques. Mais il est faux de dire que nous aurions laissé complètement fondre nos stocks. En revanche, il est clair que les types de combats ayant lieu en Ukraine ne semblaient plus complètement d'actualité, et que, alors que nous avons privilégié le développement de moyens balistiques lourds, nous devons revenir à des stratégies de « petites munitions ».
Monsieur Todeschini, chat échaudé craint l'eau froide. Le meilleur moyen est de dire les choses. Au moment où le Parlement se sentira mis de côté ou négligé, il faudra simplement le dire, et je m'efforcerai d'être là. Nous parlons de souveraineté, et la séance de contrôle ne doit pas devenir une vulnérabilité pour l'extérieur. Il faut trouver les moments adéquats pour un échange de contrôle « à l'ancienne » avec les moyens de nous protéger numériquement.
Le tuilage entre les deux LPM est une clé pour 2023. La marche à 3 milliards d'euros est déjà remplie : de grands projets capacitaires et des programmes de recherche sur la dissuasion nucléaire de troisième génération sont lancés, ce qui consomme des crédits de paiement avant même que la loi de finances ne soit votée. Ce n'est pas la LPM qui ouvre des autorisations d'engagement et des crédits de paiement ! La situation politique de l'Assemblée nationale pourrait conduire à une navette compliquée pour la loi de finances. Des groupes parlementaires pourraient estimer ne pas être liés par la LPM. Il faut intégrer cet élément.