Je veux apporter mon témoignage de maire d'une commune rurale de 1 000 habitants en Saône-et-Loire, Tramayes, engagée dans la transition écologique depuis vingt ans. Nous avons mené des actions de sobriété, en essayant d'appliquer le « scénario négawatt ».
En matière de consommation électrique, la municipalité est passée de 400 mégawattheures en 2007 à 117 mégawattheures en 2017, grâce, entre autres, à l'extinction nocturne et au changement de mode de pilotage des pompes de circulation de la chaufferie.
Nous avons aussi travaillé sur la dimension vertueuse de notre approvisionnement en passant un contrat d'électricité à haute qualité environnementale sur six ans, avec des prix bloqués. Notre fournisseur nous garantit de l'électricité d'origine renouvelable pour encore trois ans. À la fin de ce contrat, une hausse du prix est prévue, nous travaillons donc sur l'autoconsommation collective en encourageant le photovoltaïque avec stockage d'énergie par volant d'inertie. En journée, la production est supérieure à la consommation et le surplus entraîne un volant d'inertie, qui le rend la nuit.
Nous travaillons également sur l'optimisation. Nos bâtiments municipaux sont raccordés à une chaufferie de biomasse alimentée par les déchets de bois d'une scierie située à moins de quatre kilomètres de la commune. Nous réalisons ainsi une économie de 200 000 litres de fioul par an en utilisant une ressource locale propre - dix grammes de CO2 par kilowattheure contre 380 pour le fioul - et nous sommes maîtres de nos coûts. Cette chaufferie fonctionne depuis 2006 et nous avons augmenté de 15 % le prix de revente de cette énergie à l'hôpital et à une soixantaine de logements de particuliers.
Nous avons également mené des plans de rénovation globale au niveau de la commune, en vidant les bâtiments pour intervenir sur l'ensemble de l'enveloppe, en nous fixant des objectifs conformes aux réglementations thermiques 2030 ou 2050, en visant donc l'excellence. Nous l'avons fait sur un regroupement scolaire, ainsi que sur une ancienne gendarmerie, pour créer une dizaine de logements. Ceux-ci sont loués pour six euros le mètre carré par mois et la facture annuelle d'énergie est inférieure à un mois de loyer.
Nous sommes engagés dans les territoires à énergie positive (TÉPos) pour échanger entre nous et avancer tous ensemble.
Si l'on parvient à convaincre l'ensemble des élus qu'il est possible de s'engager dans une telle démarche, tout le monde sera gagnant. Depuis quinze ans, nous avons fait tout cela à taux de fiscalité constante, sans augmentation d'impôts, pour payer une chaufferie, des installations photovoltaïques, un regroupement scolaire performant. Nous avons cherché des subventions, nous avons répondu à des appels à manifestation d'intérêt (AMI). Nous avons ainsi été récemment lauréats d'un AMI concernant l'habitat participatif en passif. Nous voulons inviter les personnes à bâtir chez nous des constructions exemplaires qui ne consommeront pas d'énergie de chauffage. C'est possible, il faut seulement appliquer les solutions qui existent !