Intervention de Sophie Primas

Commission des affaires économiques — Réunion du 13 juillet 2022 à 8h30
Sécurité de l'approvisionnement énergétique dans le contexte de la guerre en ukraine — Audition

Photo de Sophie PrimasSophie Primas, présidente :

Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui nos trois plus grands énergéticiens pour échanger sur la grave crise énergétique que nous traversons actuellement. C'est une première au Parlement. Je remercie pour leur présence Mme Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, M. Patrick Pouyanné, président-directeur général (PDG) de TotalÉnergies et M. Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF, en charge du pôle clients, services et territoires.

Vous avez récemment publié une tribune intitulée « Le prix de l'énergie menace notre cohésion », dans laquelle vous rappelez votre engagement à préparer au mieux l'approvisionnement en énergie pour l'hiver prochain. Cela passe par une diversification des approvisionnements, un remplissage des stockages, des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et une remise en fonction d'installations. Vous appelez aussi nos concitoyens à agir, plaidant pour un « grand programme d'efficacité énergétique » et une « chasse au gaspillage national », comme lors du choc pétrolier des années 1970. Vous souhaitez aussi le renforcement de la solidarité européenne. Vous rappelez enfin votre engagement en faveur de la neutralité carbone.

Nous souscrivons à l'ensemble de ces préconisations. Dès le 24 février dernier, jour du début de la guerre russe en Ukraine, nous avons adopté à l'unanimité un rapport sur la sécurité d'approvisionnement. Quelques jours plus tard, nous avons proposé cinq mesures d'urgence pour sortir de la dépendance au gaz russe, parmi lesquelles la révision du principe du coût marginal et l'accélération des projets de biogaz en attente. Le 15 mars dernier, à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne (PFUE), nous avons adopté, avec des parlementaires issus des 27 États membres, des conclusions en faveur d'une sortie de la dépendance aux importations russes d'hydrocarbures mais aussi de métaux critiques. Enfin, le 30 mars dernier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) nous a présenté ses préconisations pour faire face à la crise en matière de gaz et de pétrole. Nous sommes ainsi très attentifs à ces questions et agissons pour proposer des recommandations. C'est la responsabilité des pouvoirs publics, mais aussi la vôtre, de faire en sorte que les Français puissent se chauffer, se déplacer et travailler cet hiver, dans des conditions acceptables par tous.

Dans ce contexte, je souhaiterais vous poser plusieurs questions.

Tout d'abord, quel est précisément l'impact de la guerre russe en Ukraine sur votre activité ? La presse parle parfois d'un nouveau choc pétrolier ou d'une économie de guerre. Partagez-vous cette analyse ?

Ensuite, sommes-nous prêts, sur le plan de l'offre, pour l'hiver prochain et les suivants ? Le Gouvernement a récemment dévoilé un projet de loi portant mesures d'urgance pour la protection du pouvoir d'achat, dont un volet est consacré à la souveraineté énergétique. Celui-ci vous semble-t-il suffisant ? À l'inverse, doit-on faire davantage et développer de nouveaux projets, renouvelables, à court terme, voire nucléaires, à plus long terme ?

J'ai évidemment des questions sur votre appel à une mobilisation citoyenne. L'AIE a appelé, devant nous, à réduire le niveau du chauffage des logements d'un degré ou la vitesse de circulation des véhicules de 10 kilomètres par heure : ces pistes sont-elles prometteuses ? Quels secteurs, équipements ou pratiques nécessitent de faire l'objet d'une attention spécifique ?

J'en viens à la question la plus difficile, au moins à court terme : comment concilier la sécurité d'approvisionnement et la neutralité carbone ? Lorsque l'on voit que Gouvernement souhaite revenir sur l'arrêt des quatre centrales à charbon, alors qu'il a mené à bien celui des deux réacteurs nucléaires de la centrale de Fessenheim, n'avons-nous pas beaucoup à apprendre de ce sujet ? Ne faut-il pas anticiper davantage ? Quelles sont vos préconisations pour la loi quinquennale sur l'énergie et la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) ?

Enfin, dans quelle voie doit s'engager le marché européen de l'énergie ? Il y a une question financière. Comment financer les investissements prévus par le plan RepowerEU dans les infrastructures électriques, gazières et pétrolières et qui s'élèvent à plusieurs dizaines de milliards d'euros ? Une taxe sur les énergéticiens, très débattue dans la presse, vous semble-t-elle utile pour y contribuer ? Il y a également une question programmatique. Comment atteindre les objectifs fixés par le paquet Ajustement à l'objectif 55, que la Commission européenne propose encore de relever dans le contexte de la guerre ?

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