Intervention de Catherine Macgregor

Commission des affaires économiques — Réunion du 13 juillet 2022 à 8h30
Sécurité de l'approvisionnement énergétique dans le contexte de la guerre en ukraine — Audition

Catherine Macgregor, directrice générale d'Engie :

Les systèmes énergétiques français et européen, largement interconnectés, sont aujourd'hui sous tension : nous rencontrons des difficultés d'approvisionnement en gaz, non seulement en raison de la guerre en Ukraine, mais aussi pour des motifs techniques, tels que la panne d'un terminal de liquéfaction aux États-Unis ou des problèmes de livraison en Norvège.

Le parc électrique souffre de la sécheresse et des problèmes de disponibilité du parc nucléaire. Cet été, la France importe de l'électricité, ce qui n'était pas le cas l'année dernière, et la part de l'électricité produite à partir du gaz est également relativement importante. Le cumul de ces deux phénomènes représente 15 % de l'électricité consommée actuellement dans notre pays, d'où la flambée des prix de l'énergie.

En tant qu'énergéticiens, notre responsabilité est grande. Avec la tribune, nous voulions sensibiliser les Français sur cette question et lancer le débat sur les mesures à prendre collectivement. La réponse à cette crise de l'offre, qui mobilise tous nos efforts, passe aussi par une réduction de la demande : il s'agit dès maintenant d'économiser l'énergie, notamment l'électricité. Cela renforcera nos capacités en gaz pour l'hiver.

Nous multiplions les actions pour agir sur l'offre. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous sécurisons nos approvisionnements en les diversifiant. Nous nouons de nouveaux contrats avec d'autres fournisseurs et remplissons nos stockages - à hauteur de 70 %, un taux plus élevé que d'habitude. L'installation d'une unité flottante de stockage est également prévue ; Engie veillera à ce que les connexions soient en service le moment venu.

À moyen terme, nous souhaitons accélérer la transition énergétique, qui constitue non seulement une réponse à l'urgence climatique, mais aussi aux problèmes de souveraineté énergétique : les énergies renouvelables sont produites localement. Certes, les défis sont nombreux et les pas de recul sont possibles à court terme, mais nous devons accélérer la transition énergétique. Afin de disposer d'un système résilient, la France doit prévoir un mix énergétique équilibré, avec la coexistence de plusieurs technologies, telle que l'énergie éolienne, l'énergie solaire, le gaz, le nucléaire, l'hydroélectricité et le biométhane. Nous devons apaiser les tensions entourant ces sujets, notamment en ce qui concerne l'implantation d'éoliennes ; quand l'énergie éolienne est mobilisée, de manière correcte et responsable, c'est avant tout de l'énergie produite en France et en Europe. Engie a des objectifs importants en matière d'énergies renouvelables, électriques comme gazières. Je salue l'examen par le Parlement du projet de loi d'accélération de la transition énergétique.

J'en viens au sujet de la demande. Nous devons favoriser l'idée de sobriété énergétique auprès de nos clients. En tant qu'industriels, nous sommes exemplaires : notre entreprise développe de nombreuses politiques internes d'efficacité énergétique, notamment en matière de gestion du parc immobilier. La climatisation ne se déclenche qu'au-delà de 26 degrés dans nos bureaux. Chaque petit geste compte.

Nous avons fait évoluer nos offres à destination des particuliers. Le pilotage est essentiel, en électricité comme en gaz, car il permet aux clients de réguler leur consommation le plus finement possible ; les économies peuvent s'élever jusqu'à 15 %.

Nous accompagnons nos clients professionnels via les réseaux locaux d'énergie, la production d'énergie sur site et la performance et la gestion de l'énergie. Nous essayons de les aider à décarboner leur consommation.

Dans notre tribune, nous avons évoqué des gestes simples. La consommation pour la production d'eau chaude sanitaire représente 15 % de la consommation totale de gaz dans le secteur résidentiel : baisser la température de la chaudière de quelques degrés est source d'économies importantes. Nous mènerons également des campagnes de communication à destination de nos clients, du type « un degré de chauffage en moins l'hiver » ou « un degré de climatisation en moins l'été ».

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