Intervention de Pascal Martin

Commission des affaires économiques — Réunion du 3 août 2022 à 11h00

Photo de Pascal MartinPascal Martin :

rapporteur. – J’en viens aux réponses opérationnelles. Quand les politiques de prévention ont échoué, c’est aux moyens de lutte contre l’incendie d’intervenir. La lutte constitue donc logiquement le septième axe de recommandations de notre rapport.

En premier lieu, nous préconisons d’accroître sensiblement ces moyens de lutte pour faire face à l’intensification et à l’extension du risque incendie. Cette observation vaut tout d’abord pour les moyens aériens de la sécurité civile, actuellement insuffisants pour faire face à l’évolution de l’aléa. Le vieillissement de nos Canadair entraîne de plus longues immobilisations et d’importants surcoûts de maintenance. Cette flotte devra donc nécessairement être renouvelée et renforcée, principalement par un financement direct de l’État et, plus à la marge, dans le cadre du dispositif européen « RescEU ». En 2026, la France devrait récupérer deux Canadair par ce biais. Ces nouveaux Canadair devraient pouvoir être utilisés de nuit – comme les avions militaires. La France devra, en outre, se doter d’un plus grand nombre d’hélicoptères, en particulier d’hélicoptères bombardiers d’eau, plus adaptés que les Canadair pour intervenir sur des incendies à distance des zones côtières.

Par ailleurs, il faudra étudier l’opportunité de créer une seconde base aérienne de la sécurité civile – en plus de celle de Nîmes – pour plus de rapidité dans la mobilisation des moyens de lutte, à l’aune du retour d’expérience des incendies de Gironde, et en s’appuyant sur les projections d’évolution à moyen et long terme du risque.

Au-delà des moyens nationaux, un soutien de l’État s’avère nécessaire par un renforcement des moyens capacitaires des SDIS. Nous attendons de l’État une augmentation significative dans un cadre pluriannuel de la dotation de soutien à l’investissement des SDIS. L’État doit favoriser la mutualisation des secours, dans une démarche de solidarité nationale.

En outre, renforcer nos capacités opérationnelles de lutte contre le feu n’aura de sens que si des moyens humains sont disponibles pour les piloter. Pour armer des véhicules, il faut des femmes et des hommes. Une augmentation des effectifs de sapeurs-pompiers volontaires – qui sont actuellement 197 000 – apparaît donc indispensable pour répondre à l’évolution de l’aléa. Pour atteindre d’ici cinq ans la cible de 250 000 sapeurs-pompiers volontaires, effectifs dont bénéficiait notre pays dans les années 1990, la France devra recruter plus de 50 000 nouveaux « soldats du feu », soit 10 000 par an. Avec plus de 6 000 centres sur le territoire, cela revient à recruter deux sapeurs-pompiers par an et par centre de secours.

Comme l’avait déjà proposé le Sénat dans le cadre des débats sur la « loi Matras », nous proposons donc d’instaurer une réduction de cotisations patronales pour les entreprises et administrations en contrepartie de la disponibilité de leurs employés et agents exerçant en tant que sapeurs-pompiers volontaires. Cette proposition a malheureusement été supprimée en commission mixte paritaire et ne figure plus à l’article 45 de la loi.

La mise en place du cell broadcast, pour alerter et informer les populations par téléphone mobile, doit enfin être gérée à l’échelle non pas centrale, mais territoriale, notamment par le préfet, directeur des opérations de secours, pour plus de réactivité et d’efficacité sur le terrain.

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