Intervention de Jean Bacci

Commission des affaires économiques — Réunion du 3 août 2022 à 11h00

Photo de Jean BacciJean Bacci :

rapporteur. – Le département des Bouches-du-Rhône réfléchit à l’utilisation de moins d’eau pour la lutte contre les incendies. L’anticipation et la surveillance sont particulièrement importantes. Dans le Var, nous expérimentons, avec Orange, la possibilité de surveiller les massifs avec les réseaux satellites.

Oui, il faut joindre tous les documents d’urbanisme dans les SCoT. Mais ceux-ci sont pilotés par les élus : il convient de les sensibiliser à la nécessité de travailler sur le risque incendie. Nous réalisons des formations avec l’association départementale des communes forestières du Var pour les sensibiliser aux risques et à leurs obligations, ainsi que pour les aider à mettre en place leur propre plan communal de sauvegarde.

La France aurait la flotte aérienne de lutte contre les incendies la plus importante, mais encore faut-il qu’elle soit opérationnelle. Un tiers des avions sont cloués au sol pour maintenance. L’État a commandé quatre Canadair, et nous devrions en recevoir deux de plus de l’Union européenne. C’est très bien, mais quand les recevra-t-on ? Les lignes de fabrication sont fermées et doivent être rouvertes. Ces avions ne seront pas livrés avant 2027 ou 2028. Airbus, cette année, a expérimenté en Espagne un avion porteur d’eau comme les Dash. En attendant, des avions militaires sont utilisés...

Mme Anne Chain-Larché. – J’adhère aux propos qui ont été tenus. Comme cela avait déjà été dit il y a plusieurs années : notre forêt brûle et nous regardons ailleurs. Réveillons-nous !

Je constate trois aberrations.

Sur les parcelles brûlées de chêne-liège dans le Var, replanter avec des cèdres du Liban ou des pins maritimes n’est pas approprié face au risque d’incendie.

L’ONF n’entretient plus ses chemins, lesquels permettaient aux pompiers d’entrer dans les massifs. Désormais, non seulement les avions sont en nombre insuffisant, mais les chemins au sol sont inutilisables. L’ONF devrait faire preuve de plus d’ambition dans les forêts domaniales.

Enfin, je ferai remarquer qu’il n’y a plus de cendriers dans les voitures : les fumeurs au volant jettent donc leurs cigarettes par la fenêtre... Or les incendies sont, pour la plupart, dus à des négligences humaines.

M. Pierre Cuypers. – Très bien !

Mme Anne Chain-Larché. – C’est du bon sens...

Mme Angèle Préville. – Merci pour le travail exhaustif réalisé.

En tant que professeur, je salue la recommandation n° 56 pour sensibiliser les plus jeunes dans les établissements scolaires, en faisant témoigner des intervenants extérieurs. Moi qui ai eu des élèves jeunes sapeurs-pompiers, je propose qu’un jour par an soit consacré à la prévention des incendies. Cela permettrait que les élèves connaissent le métier, afin de leur donner envie de s’engager. Cela pourrait être couplé avec l’enseignement de plusieurs matières.

Une filière de responsabilité élargie du producteur (REP) mégots est une très bonne idée, car ces derniers sont à l’origine de nombreux incendies. Cette REP, que vous proposez de flécher vers des actions de communication d’envergure, pourrait aussi être affectée à des moyens de surveillance.

M. Serge Mérillou. – Merci pour ce travail.

Que va-t-il se passer après les incendies ? C’est à ce moment que commence la prévention au niveau des infrastructures forestières, et que l’on peut créer des pistes forestières, des points d’eau, puisqu’aucun obstacle physique ne s’y oppose plus.

Pour la restructuration foncière, au-delà des droits de préemption, il existe aussi des échanges amiables entre propriétaires pour regrouper des parcelles, afin qu’ils s’y intéressent et les entretiennent. Des outils existent pour des opérations groupées d’aménagement foncier (OGAF), comme la prise en charge des frais de notaires.

L’aide aux propriétaires forestiers permet de reconstituer des boisements les plus adaptés possible à leur station forestière et d’éviter des plantations entières de résineux, même si l’on ne peut pas les remplacer partout, notamment en forêt landaise. Nous aurons besoin de l’ONF, des CRPF et des services forestiers des chambres d’agriculture.

Mme Nadège Havet. – Je remercie les rapporteurs pour leurs travaux.

Le Finistère n’a pas été épargné par les incendies cet été. Comme partout en France, le risque incendie reste élevé.

Lors des incendies des monts d’Arrée, comme sur d’autres territoires, nous avons pu constater que le monde agricole représentait une force de frappe importante et réactive pour soutenir les services d’incendie et de secours, pour véhiculer des tonnes à eau, pour procéder à des arrosages préventifs.

Mais, dans la pratique, il y a parfois des incompréhensions entre agriculteurs et SDIS sur les théâtres d’intervention, leurs objectifs étant un peu différents : les premiers veulent intervenir vite pour éteindre l’incendie, les seconds sont présents avant tout pour protéger les personnes. Ne faudrait-il pas élaborer des conventions et des protocoles permettant de faciliter leur coopération et leur coordination ?

M. Daniel Salmon. – Merci pour cet excellent travail.

Les feux extrêmes suscitent énormément d’angoisse dans la population, car ils visibilisent le changement climatique. Il faut que nous apportions un maximum de réponses.

Vos axes de travail sont essentiels, mais il en est un que nous n’avons pas abordé, parce qu’il porte sur le moyen et le long termes : la lutte contre le réchauffement climatique. Elle doit être immédiate et massive. De fait, les feux de forêt sont provoqués par le stress hydrique. Des arbres se transforment en véritables torches en cas de températures extrêmes.

Je me réjouis que l’on n’ait pas succombé à la facilité en accusant les écologistes de provoquer un certain nombre de feux du fait des embroussaillements – ces polémiques ont pu exister ailleurs.

Concernant les boisements monospécifiques, les boisements de résineux, la réflexion est difficile, puisqu’il faut prévoir le climat à cinquante ans. Je pense qu’il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. Les recherches qui sont menées actuellement concluent plutôt à la nécessité d’une diversification maximale de nos boisements pour avoir toutes les chances d’avoir, demain, une forêt résiliente.

M. Guillaume Chevrollier. – Merci aux rapporteurs pour leur travail sur cette question essentielle.

Vous avez cité un certain nombre d’opérateurs : les SDIS, l’ONF, l’OFB... Vous avez parlé des propriétaires forestiers privés, mais je ne crois pas avoir entendu citer Fransylva, qui est la Fédération des syndicats de forestiers privés de France. C’est pourtant un organisme essentiel, dont le maillage est fin et qui fait beaucoup dans les territoires pour sensibiliser et accompagner les propriétaires. Je pense qu’il doit avoir une place primordiale dans la prévention des feux.

Quel est votre avis sur son rôle dans la diffusion d’une culture du risque et dans la gestion durable et résiliente de nos forêts ?

M. Franck Montaugé. – Merci aux rapporteurs.

Ce sujet relève de la défense de notre patrimoine environnemental national. Avez-vous réfléchi à la possibilité d’utiliser, dans un cadre adapté, l’observation satellitaire militaire, dont les outils offrent une précision extraordinaire ? Cela permettrait de mettre en évidence des départs de feux très rapidement et d’être sur place avant que la situation dégénère.

Mme Sylviane Noël. – Merci aux rapporteurs pour leurs propositions pertinentes.

Aux propositions formulées pour le soutien à l’agropastoralisme, auxquelles je souscris pleinement, je veux ajouter la lutte contre la prédation, notamment celle du loup, qui, dans certains départements de montagne, constitue une pression telle que de nombreux secteurs ne sont désormais plus pâturés. Je crains que nous n’allions, dans les années à venir, au-devant de grandes difficultés si nous ne parvenons pas à trouver une gestion plus équilibrée, dans nos alpages, de certaines espèces qui mettent à mal notre agriculture de montagne.

C’est bien de prévenir les risques d’incendie. C’est bien aussi de s’assurer que, dans les prochaines années, nous aurons suffisamment de « soldats du feu » pour assurer notre protection. Aujourd’hui, dans notre pays, plus de 5 000 pompiers volontaires et 200 professionnels sont suspendus depuis plusieurs mois. Leur réintégration rapide me semble une impérieuse nécessité pour répondre à nos besoins futurs.

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