Le déficit commercial s'est fortement creusé en 2021, atteignant 84,7 milliards d'euros : les importations sont supérieures à celles de 2019 et les exportations diminuent. La crise du Covid a douloureusement frappé les entreprises, la moitié des PME ayant dû cesser leur activité à l'export et se replier sur le marché français : des marchandises ont été bloquées en douane, des frontières ont été fermées, les délais d'établissement et de signature de contrat se sont allongés, quand ils n'étaient pas tout bonnement annulés.
Au-delà de la crise sanitaire, la situation est historique, avec une compétitivité qui s'est dégradée depuis de nombreuses années, notamment en raison du coût du travail. Dans l'industrie et les services marchands, il est passé de 24,4 euros en 2009 à 37,2 euros en 2018. Notre appareil exportateur s'est atrophié, conséquence directe d'un phénomène de désindustrialisation. Pour 100 entreprises exportatrices françaises, on en compte 171 en Italie et 265 en Allemagne. Le Brexit a également fragilisé les échanges franco-britanniques, avec de nouvelles formalités douanières, une instabilité juridique, une complexification du cadre des échanges et des retards d'acheminement des marchandises. Avec l'Allemagne, la comparaison est toujours difficile. Le plan de relance dévoilé aujourd'hui par la France comprend cependant un volet export ambitieux, proche du plan allemand en 5 mesures pour soutenir les exportations, qui comporte notamment l'amélioration des possibilités de financement pour les nouvelles activités d'exportation, l'introduction de la couverture de la ligne d'achat, l'allégement des charges pour les garanties de crédit à l'exportation, l'amélioration des possibilités de financement des exportations par les banques, et des améliorations technique des garanties du crédit à l'exportation, également connues sous le nom de couvertures Hermes). Néanmoins, en Allemagne, il y a environ 13 000 ETI aujourd'hui, alors qu'en France on en compte environ 5 300. Outre-Rhin, ce tissu d'entreprises qu'on appelle le Mittelstand est à l'origine de 35 % du chiffre d'affaires total en Allemagne, il emploie 60 % de l'ensemble des salariés et 82 % des apprentis.
La rareté des entreprises françaises de taille moyenne ou intermédiaire est à chercher du côté de la fiscalité exorbitante sur la transmission du patrimoine, notamment par rapport à nos voisins européens. En Allemagne, les entreprises restent dans la famille, alors qu'en France, c'est très compliqué. Les PME françaises sont plutôt de petite taille, employant moins de 10 personnes, ce qui de facto induit des ressources financières et humaines limitées, contrairement aux PME allemandes.
Outre la taille, ce que l'on peut constater, c'est le côté « réseau » des entreprises allemandes. De ce côté, il y a un vrai retard en France, les chefs d'entreprise français ayant encore un comportement un peu trop individualiste et il faut qu'on les incite à travailler ensemble.