Intervention de Patrick Martin

Délégation aux entreprises — Réunion du 10 février 2022 à 9h00
Table ronde sur le commerce extérieur avec des représentants des entreprises en présence de m. pierre kuchly vice-président de la cpme nationale chargé de la coordination des unions territoriales ; m. patrick martin président délégué du medef ; m. olivier schiller vice-président du meti et « ambassadeur eti » et président de septodont

Patrick Martin, président délégué du MEDEF :

Le sujet de la formation est fondateur et nous avons tous en tête le décrochage de la France à tous les niveaux d'enseignement dans les classements internationaux, singulièrement dans les disciplines scientifiques, alors que, dans la profonde mutation de nos économies, la science des mathématiques va jouer un rôle capital. Il semble d'ailleurs que le ministre de l'Éducation nationale lui-même ait convenu que la réforme du bac avec une forme de d'hyperspécialisation des filières scientifiques était probablement une erreur et que des corrections seraient apportées. Mais le problème est beaucoup plus vaste. Dans l'étude de Patrick Artus, on observe de façon spectaculaire une corrélation entre le niveau d'enseignement, et singulièrement, le niveau de l'enseignement scientifique, avec le taux d'industrialisation des pays, la compétitivité et la balance commerciale. Concernant l'apprentissage, nous nous réjouissons tous d'un succès collectif, avec, enfin, cette augmentation très significative de l'apprentissage, qui s'est confirmée et amplifiée à la rentrée 2021. Soyons cependant attentifs à ce que le soufflé ne retombe pas. Nous avons un point d'interrogation sur l'effet des aides de 5 000 et 8 000 euros qui ont été mises en place. L'augmentation du nombre d'apprentis explique le tiers des créations nettes d'emplois en 2021. Nous devons également veiller à ce que l'apprentissage continue à se développer à tous les niveaux de formation : post-bac, bac et pré-bac. Je crois que le ministère du Travail s'interroge sur les effets d'aubaine. Des effets d'aubaine, il en y en toujours ! Pour nous, l'apprentissage a des effets extrêmement concrets sur l'ascenseur social, en permettant à des jeunes de milieux modestes d'accéder à des niveaux de formation qui leur seraient inaccessibles par la voie classique.

Le stock d'alternants, toutes promotions confondues, s'élève aujourd'hui de 1,2 à 1,3 million d'élèves. Il faudrait très rapidement monter à 2 millions. Pour les entreprises, c'est la voie la plus intéressante pour desserrer les difficultés de recrutement.

Nous soutenons également fortement le projet d'Erasmus de l'alternance, qui devrait contribuer à renforcer nos soft skills et à acculturer les jeunes à travers les entreprises à l'international. De manière générale, il faut aller beaucoup plus loin sur l'alternance dans le supérieur et sur ces ouvertures à l'international.

Les financements ne constituent pas vraiment un problème. Il y a actuellement beaucoup d'argent via le financement classique bancaire ou les fonds propres. Pour se renforcer ou se projeter à l'international, les moyens financiers les plus sains sont évidemment la capacité d'autofinancement des entreprises. L'Agence française de développement (AFD) devrait d'ailleurs être beaucoup plus sélective dans ses financements. C'est très bien d'aller financer des projets d'infrastructures dans tel ou tel pays d'Afrique, mais si cela profite à des entreprises chinoises ou turques, c'est un peu dommage. De même, si vous prenez le plan de relance européen, il n'y a aucune conditionnalité quant à l'utilisation de ces financements. La Roumanie va bénéficier de 29 milliards d'euros, qu'elle va pour une bonne part consacrer à des travaux d'infrastructures qui vont bénéficier à des entreprises turques. Je crois qu'il faut qu'on se départisse d'une forme de naïveté et d'angélisme sur ce sujet des financements européens.

Il y aurait beaucoup à faire sur les mesures d'accompagnement. Business France bénéficie surtout à des entreprises assez matures en termes d'exportation à l'international. En réalité, on s'occupe très mal des primo-exportateurs qui sont les premiers à avoir besoin d'un soutien en termes d'expertise et de financement.

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