Quand on parle de dépendance à des entreprises étrangères on pense aux biens physiques mais il y a un cas emblématique qui est celui du recours d'entreprises publiques ou d'administrations au service du cloud d'Amazon, AWS, et là il s'agit de milliards d'euros, premièrement, et ensuite, d'un risque de dépendance et de souveraineté. Et cela concerne le digital, un secteur d'ores et déjà déterminant et qui le sera plus encore demain, pour notre compétitivité et pour notre indépendance nationale. N'allons donc par chercher bien loin : nous avons des opérateurs européens, nous avons un opérateur français dans le cloud, et il est bien déroutant voire même choquant que la puissance publique elle-même, celle qui appelle de ses voeux le développement de ces opérateurs européens et français, la réindustrialisation de la France, la souveraineté économique et singulièrement la souveraineté digitale, se tourne vers de grands opérateurs internationaux qui sont aussi efficaces que menaçants.
Deuxième point, nous sommes très demandeurs d'un small business act au niveau européen. Pour l'avoir encore évoqué la semaine dernière avec la commissaire en charge des dossiers de concurrence, et avec nos homologues patronaux d'autres pays, nombre d'entre eux y sont réticents car cela fausserait la concurrence. Il y a toujours cette doctrine libérale, même si elle s'infléchit un petit peu. À tout le moins, dans les accords internationaux que l'on passe, il faut qu'on exige une réciprocité et que, de la même manière que des entreprises brésiliennes, chinoises ou indonésiennes peuvent facilement accéder au marché européen, nos entreprises puissent accéder aux marchés de ces pays. Cela n'est pas le cas ! J'ai cependant l'impression que nous sommes en train de nous départir d'une forme d'angélisme et je m'en réjouis.