Intervention de Anne-Catherine Loisier

Commission des affaires économiques — Réunion du 14 septembre 2022 à 11h00
Audition de Mme Valérie Metrich-hecquet candidate proposée par le président de la république aux fonctions de directrice de l'office national des forêts

Photo de Anne-Catherine LoisierAnne-Catherine Loisier :

rapporteure. – Mes chers collègues, nous voici de nouveau amenés à nous prononcer sur la nomination du directeur général de l’Office national des forêts… pour la troisième fois en sept ans ! Cette instabilité au niveau de la direction témoigne des tensions et du malaise qui règne au sein de l’EPIC, l’établissement public à caractère industriel et commercial, dont les missions sont ô combien stratégiques en ces temps d’adaptation des forêts au changement climatique.

Je rappellerai quelques éléments de contexte.

Cela fait désormais six mois que M. Olivier Rousset exerce par intérim la direction générale de l’ONF, avec succès, il faut le dire, car M. Rousset est un forestier connu et apprécié de longue date, qui a la confiance de ses collègues et des élus.

Dans le contexte d’urgence climatique actuel et alors que les Assises de la forêt et du bois ont défini dès avril la feuille de route de la filière - sans d’ailleurs évoquer la place et le rôle de l’ONF ! -, nous sommes surpris des délais que s’autorise l’exécutif pour proposer un candidat, comme si, finalement, le bon fonctionnement de l’ONF, gestionnaire des 11 millions d’hectares des forêts publiques françaises, ne constituait pas une priorité, un fer de lance dans la lutte contre le changement climatique, qu’il s’agisse de la prévention des risques naturels, de la dynamisation de la gestion forestière ou du développement des usages du bois, bref de la décarbonation de notre économie.

Vous l’avez compris, madame Metrich-Hecquet, nous serons particulièrement attentifs à l’exposé de votre vision et de vos priorités en tant que candidate à la tête du gestionnaire des forêts publiques. Et nous serons tout aussi attentifs à la manière dont vous pensez collaborer avec l’État et les 13 000 collectivités territoriales propriétaires de forêts ou sièges de forêts publiques. Nous attendons de la bienveillance, mais aussi des engagements fermes, qui devraient se traduire par la révision des conventions ou des stratégies en cours.

Il me semble que trois questions sont essentielles et urgentes.

Tout d’abord, je souhaite vous interroger sur votre positionnement à l’égard de la tutelle exercée par les administrations centrales et vis-à-vis des agents de l’ONF.

Si les commissions des deux assemblées approuvent votre nomination, vous passerez sans transition du rôle de contrôleur à la Direction générale de la performance économique et écologique des entreprises du ministère de l’agriculture à celui du contrôlé, l’ONF, soumis à la cotutelle de la DGPE, c’est-à-dire de vos collègues actuels !

Considérez-vous que ce parcours de juge puis de partie soit un atout dans l’exercice de vos fonctions et soit de nature à vous permettre de tisser des relations de confiance avec le personnel et, plus largement, avec les acteurs forestiers ?

Votre profil apparaît relativement technique ou gestionnaire. Or, la situation de l’ONF nécessite aujourd’hui un fort leadership, capable de redonner de la cohésion et de tracer un cap, des perspectives, pour ses 7 800 agents et ses 400 apprentis et contrats aidés. Pensez-vous avoir les qualités requises ?

Dans le cadre du contrat État-ONF, comment concevez-vous le rôle auquel vous candidatez ? Quelles sont, selon vous, les marges de manœuvre de l’établissement public vis-à-vis de l’État, pour revenir sur un certain nombre d’objectifs ?

Pour rappel, la commission des affaires économiques du Sénat s’était très majoritairement opposée à la nomination de votre prédécesseur, et il s’en était fallu de peu pour que le Parlement dans son ensemble ne rejette sa candidature.

Il a été fait état d’un management conflictuel, peu à l’écoute, ce qui avait conduit à la cessation des fonctions de vos deux prédécesseurs. Nous serons donc particulièrement attentifs aux méthodes que vous préconiserez pour améliorer le dialogue social et reconstruire un élan de confiance au sein de l’établissement.

J’en viens au deuxième point de vigilance, les ressources humaines et la capacité de l’établissement à s’adapter à des missions évolutives.

Ce point est déterminant pour la réussite de l’ONF et conditionne sa capacité à assumer les missions qui lui seront confiées par l’État et les collectivités qui, j’insiste, sont les propriétaires des forêts. La diminution drastique des effectifs n’est pas étrangère au malaise social au sein de l’ONF : plus de 4 000 postes ont été supprimés depuis 1999, soit l’équivalent de la moitié des effectifs actuels.

Aujourd’hui, alors que les attentes et les missions augmentent, le contrat État-ONF 2021-2025 prévoit la poursuite de cette trajectoire, avec la suppression de 95 emplois par an pendant cinq ans, soit 475 postes au total. Ainsi, dès 2021, 123 emplois ont été supprimés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion