Intervention de Valérie Metrich-Hecquet

Commission des affaires économiques — Réunion du 14 septembre 2022 à 11h00
Audition de Mme Valérie Metrich-hecquet candidate proposée par le président de la république aux fonctions de directrice de l'office national des forêts

Valérie Metrich-Hecquet, candidate proposée aux fonctions de directrice générale de l’Office national des forêts :

– La France a pris des engagements européens sur les puits de carbone, pour 2025 et 2030, qu’elle doit respecter sous peine de sanctions financières. Mieux vaut prévenir, et investir, que guérir ! C’est un argument de négociation.

En tant que directrice générale, contesterai-je le contrat État-ONF ? Je resterai à ma place de fonctionnaire : je respecte infiniment la décision prise par le politique. Néanmoins, il est essentiel, dans le prolongement des annonces ministérielles, de savoir ce que l’on attend de l’ONF et quels sont les moyens budgétaires et humains fournis pour y répondre. Si je suis nommée, je le demanderai. L’humain doit rester au centre du dispositif, et les dialogues doivent se multiplier.

Le politique décidera de ce qu’il est opportun de faire et je le suivrai toujours, qu’il s’agisse du pouvoir exécutif ou du Parlement. Cela ne veut pas dire que, en amont, je ne ferai pas valoir que je pilote le plus bel établissement du monde !

Le contrat État-ONF 2021-2025 est adaptable, d’année en année. J’observe que le COP 2016-2020 prévoyait la stabilité des effectifs, geste fort de nature à répondre à l’attente des élus. Or la mise en œuvre a été différente et les effectifs ont baissé. Ce qui a été fait dans un sens pourrait être fait dans l’autre.

Monsieur Montaugé, je voulais simplement dire que le régime forestier, et l’ONF qui le porte, sont une pièce maîtresse du développement durable et que l’on parvient à un relatif consensus sur ce point, et non sur l’ensemble du contrat État-ONF 2021-2025.

Si je suis nommée, je m’attellerai à faire des propositions aux décideurs sur les missions et les moyens de l’ONF.

J’observe des inflexions encourageantes sur le plan budgétaire, avec l’augmentation des moyens de l’État dans le prochain projet de loi de finances.

En ce qui concerne la valorisation du bois et l’importance de créer de la valeur dans les territoires, tous les partenaires sont parties liées et le bon fonctionnement de la filière et la rémunération de tous les acteurs sont nécessaires pour relever le défi de l’adaptation, de l’atténuation du changement climatique, ainsi que de la décarbonation de l’économie.

La valorisation du produit bois est une préoccupation constante des équipes de l’ONF qui le commercialisent. Malgré les à-coups, la tendance est structurellement à la hausse du prix du bois. Si cela ne perdure pas, on ne relèvera pas le défi de la décarbonation.

La contractualisation est aussi un moyen de sécuriser l’approvisionnement de tous les acheteurs et de mieux répartir la valeur entre l’amont et l’aval, dans le cadre d’une relation commerciale qui s’inscrit dans la durée.

L’amélioration de la valorisation du bois passe sans doute par l’optimisation de la chaîne logistique entre la forêt et les clients, à laquelle les outils numériques peuvent contribuer.

Je crois que l’ONF appartient déjà à un petit club des gestionnaires forestiers européens. En raison de mon parcours et de mon lieu de naissance, je suis tout particulièrement préoccupée par la coordination européenne.

Effectivement, en Allemagne, la forêt publique et la forêt domaniale ont été fortement protégées. Dans le cadre de la stratégie nationale pour les aires protégées (SNAP), l’effort français sera poursuivi avec notamment la création de nouvelles réserves biologiques intégrales.

L’ONF possède une compétence très précieuse en matière de recherche, qui peut être mise en synergie avec d’autres compétences, en particulier à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), mais aussi chez d’autres partenaires, telles que les gestionnaires des forêts privées, en France et en Europe.

Je connais mal la problématique de la forêt de Crécy, mais cela renvoie au choix français de la multifonctionnalité de toutes nos forêts, plus compliqué à appliquer que celui de fonctionnalités séparées pour chaque forêt, préféré par d’autres pays européens, notamment en Europe du Nord, mais qui est aussi un facteur de résilience et de robustesse que l’on doit défendre. Sans doute faut-il arbitrer, de temps en temps, des conflits d’usage.

Un regard particulier doit être porté sur les effectifs de l’ONF en Corse et dans les territoires où les spécificités de l’action de l’ONF sont importantes, comme les Outre-mer. Dans le débat sur la gouvernance territoriale, je m’engage, en fonction des moyens que l’on me donnera, à rendre compte de la situation aux partenaires, dont votre commission.

Je m’engage à ce que le dialogue soit noué, aux échelons national et local. J’espère que nous pourrons, tous ensemble, créer une nouvelle dynamique, car l’ONF est au cœur de l’intérêt général. Il accomplit des missions essentielles pour tous et mérite de pouvoir le faire au mieux.

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