Intervention de Hugues Saury

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 septembre 2022 à 10h30
Audition de M. Rémy Rioux candidat proposé par le président de la république aux fonctions de directeur général de l'agence française de développement

Photo de Hugues SauryHugues Saury, rapporteur :

Monsieur le directeur général, votre parcours est marqué dès l'origine par les questions de développement, puisque vous avez exercé les fonctions de chef de la coopération monétaire et du développement avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique de 2004 à 2007, puis de sous-directeur des affaires financières internationales et du développement à la direction générale du Trésor de 2010 à 2012. Vous avez ensuite dirigé le cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances. Vous êtes devenu secrétaire général adjoint du ministère des affaires étrangères et du développement international en 2014. Vous avez enfin été nommé le 2 juin 2016 directeur général de l'AFD et reconduit dans cette fonction en mai 2019. Votre mandat étant arrivé à son terme en juin dernier, vous avez assuré depuis lors un intérim.

Je vous interrogerai sur les points suivants.

D'abord, quels sont les grands axes du bilan de vos six années passées à la tête de l'AFD ?

Vous vous étiez engagé en 2016, ici même, à rendre l'AFD « plus grande, plus agile et plus partenariale ». Pensez-vous avoir atteint ces objectifs ? Que referiez-vous différemment ? En particulier, quelles leçons tirez-vous des résultats, très mitigés, de nos efforts pour mettre en place une approche « 3D » - défense, diplomatie, développement - au Sahel, notamment au Mali ?

Pendant votre premier mandat et le début du second, l'activité de l'Agence a été marquée par une croissance très rapide, avec des engagements passant de 9 milliards d'euros en 2016 à plus de 14 milliards en 2019. Les pays émergents ont été les premiers bénéficiaires de cette croissance, qui a d'abord concerné les prêts, ce qui a pu susciter des interrogations de notre part. Le nombre d'agents de l'AFD a, par ailleurs, fortement augmenté, avec une hausse de 8,9 % entre 2018 et 2019.

La suite de votre deuxième mandat a, en revanche, été marquée par une baisse subite et subie de l'activité, due notamment à la crise du covid. Il ne s'agit pas d'un coup d'arrêt temporaire, car le manque de solvabilité des destinataires de l'aide s'est aggravé, notamment dans une Afrique menacée par le surendettement. Cela a conduit le Gouvernement à vous demander de stabiliser l'activité de l'Agence à environ 12 milliards d'euros à partir de 2020.

D'une croissance constante, on passe donc à un effort pour maintenir les acquis, mais avec une agence dont les effectifs ont été dimensionnés avant la crise. Pensez-vous être le mieux placé pour piloter un tel changement de cap ? Êtes-vous prêt à changer de logiciel, pour passer de la recherche permanente de nouveaux « clients » pour les prêts de l'AFD à une réorientation de vos efforts vers les pays les plus pauvres et les projets en dons qui les concernent, comme la loi vous y oblige ?

Ensuite, l'AFD a des engagements très importants dans les grands pays émergents, de l'ordre de 2 milliards d'euros par an, visant notamment à orienter leur développement dans un sens conforme à l'accord de Paris de 2015. Or nos relations sont notoirement dégradées avec trois de ces sept pays : la Turquie, la Chine et le Brésil. Quelles sont les conséquences de cette situation sur l'activité de l'Agence ? Que pensez-vous des critiques qui pointent le paradoxe consistant à financer des États dont les autorités ont une attitude négative, voire agressive, à l'encontre de la France ? Sommes-nous réellement en mesure de peser pour une meilleure prise en compte des exigences environnementales par ces pays ?

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