– Il n’y a pas un, mais des chômages. La véritable bascule a été, à mon avis, le remplacement des cotisations salariales par la CSG, qui a eu un impact sur la perception du demandeur d’emploi. Tant que l’assurance chômage était une véritable assurance, elle était perçue comme un remboursement versé à des sinistrés de manière transitoire. En passant à un financement par la solidarité nationale, on fait de la demande d’emploi un statut.
Après cette bascule, que fait-on ? La réponse varie selon les territoires. En Vendée, Pôle emploi aide les entreprises à recruter. Dans d’autres territoires, il accompagne les demandeurs d’emploi. Dans cette dernière catégorie, il faut distinguer les chômeurs en situation transitoire, qu’il n’est pas nécessaire d’accompagner, ceux qui ont besoin d’être formés, et ceux qui sont « inemployables », même si je n’aime pas ce terme. Je connais ce dernier public, ayant présidé durant vingt ans une association d’insertion par le logement. Il n’y a pas de solution sans approche par l’inclusion, dans toutes les dimensions de la vie : le travail, mais aussi la santé, car beaucoup d’entre eux relèvent de la psychiatrie, ce que la société ne veut pas voir.
Adapte-t-on la gouvernance à la nouvelle philosophie ou revient-on à la philosophie d’origine ? Ce n’est pas à moi de trancher. Concernant la gouvernance, mon organisation m’a demandé de prendre ce mandat pour défendre le paritarisme au sein de l’Unédic, et non pour m’occuper de ses finances. Geoffroy Roux de Bézieux m’a réitéré cette demande, à laquelle je souscris pleinement.
M. Jean-Marie Vanlerenberghe. – Cela me convient parfaitement, à condition que l’Unédic se saisisse pleinement de la question du paritarisme. Sans partenaires sociaux au premier rang, cela ne fonctionnera pas. J’entends que les associations d’inclusion participeront à la gouvernance de France Travail. J’ai présidé pendant plus de vingt ans une association qui porte le nom de « Maison de l’emploi et des métiers », alors qu’elle s’appelait à l’origine la Maison des chômeurs. C’est dire que nous avons changé de paradigme pour mettre l’accent sur l’insertion.
Que fait-on des gens inemployables, qui ont des difficultés de santé ? Aux Pays-Bas, ils sont retirés du chômage. C’est un problème social. Il faut, lorsqu’on est aux portes du plein emploi, permettre à tout le monde d’avoir sa chance. Tout doit être intégré dans une vision d’ensemble, et vous avez un rôle éminent à jouer car vous gérez 30 à 35 milliards d’euros de cotisations et contributions.
Mme Catherine Deroche. – Je vous remercie pour vos interventions.
Ce point de l’ordre du jour a fait l’objet d’une captation vidéo qui est disponible sur le site du Sénat.